Eneffet, partant du principe que lâintelligence collective est un systĂšme, on peut dire que câest la somme des intelligences individuelles des membres dâune Ă©quipe plus leur relation. Ainsi, ce qui distingue une intelligence collective dâun simple travail collectif, câest ce dĂ©passement dĂ» Ă la relation entre les membres du collectif. LâĂ©mergence de lâintĂ©rĂȘt pour l
1Il est gĂ©nĂ©ralement admis, dans les diverses sciences traitant des comportements collectifs complexes, quâil existe des diffĂ©rences fondamentales entre le niveau de lâindividu et celui du collectif Knorr, 1981 ; Calhoun et al., 2007. Câest pourquoi il semble logique de prĂ©sumer quâil existe deux niveaux dâanalyse le niveau micro qui se concentre sur les individus et le niveau macro qui se concentre sur le collectif. Cette distinction est Ă lâorigine de la formulation de presque toutes les questions soulevĂ©es par la thĂ©orie sociale visant Ă trouver la bonne voie qui mĂšne dâun niveau Ă lâautre la recherche doit-elle partir du micro ou du macro ? Le niveau macro est-il un simple agrĂ©gat ou une nouvelle entitĂ© sui generis ? Comment certaines caractĂ©ristiques du niveau macro Ă©mergent-elles des interactions du niveau micro Boudon, 1981 ? Peut-on rapprocher » ces deux niveaux par une autre thĂ©orie qui les engloberait Bourdieu, 1972 ; Giddens, 1984 ? Peut-on imaginer un niveau intermĂ©diaire ? Et ainsi de suite. Cette sĂ©rie de questions ne se limite pas aux thĂ©ories sociales traitant de lâĂȘtre humain, mais peut se rapporter Ă tous les ensembles dâorganismes vivants non humains nuĂ©es dâoiseaux, essaims dâinsectes sociaux en particulier, Axelrod, 1984 ; Moussaid et al., 2009, ainsi quâĂ la notion mĂȘme dâorganisme quelle est la relation entre les cellules et le corps ? Dawkins, 1982 ? Ces mĂȘmes questions ont Ă©tĂ© posĂ©es dans le cadre dâun grand nombre de phĂ©nomĂšnes comme les processus mentaux Minsky, 1988 ou les entitĂ©s artificielles vivant in silico les modĂšles multi-agents, par exemple Epstein et Axtell, 1996 [1]. 2Bien que cette division en niveaux ait jouĂ© un rĂŽle considĂ©rable dans la structuration de nombreux programmes de recherche en sciences naturelles et sociales, elle a Ă©galement occultĂ© le phĂ©nomĂšne central que ces sciences visaient Ă expliquer comment suivre des associations plus fortes, plus vastes et plus durables ? En partant du postulat quâil existe deux niveaux, ces sciences ont rĂ©solu trop rapidement les questions quâelles auraient dĂ» laisser ouvertes Ă lâĂ©tude. Quâest-ce quâun Ă©lĂ©ment ? Quâest ce quâun ensemble ? Y a-t-il vraiment une diffĂ©rence entre les deux ? Quâentend-on par entitĂ© collective durable ? 3Dans cet article, nous Ă©tudierons comment les traces numĂ©riques laissĂ©es par les acteurs dans les bases de donnĂ©es nouvellement disponibles pourraient modifier la nature mĂȘme de ces questions sur lâorigine de lâorganisation sociale. Notre objectif est de tester une thĂ©orie sociale alternative dĂ©veloppĂ©e par Gabriel Tarde 1843-1904 Ă lâaube de la sociologie et qui nâa jamais eu la chance de se dĂ©velopper en raison du manque dâoutils empiriques adĂ©quats Tarde, 1903 ; Clark, 2011 [1969] ; Milet, 1970 ; Candea, 2010. Au lieu de commencer par se dire que la question vraiment essentielle est de trouver comment les dĂ©cisions individuelles contribuent aux actes collectifs », nous souhaitons suivre la suggestion de Tarde et ne pas poser cette question afin de nous concentrer sur un sujet diffĂ©rent peut-on dĂ©finir ce quâest un ordre social durable sans prĂ©sumer quâil existe deux niveaux Latour, 2006 ? Pour souligner le contraste, nous allons prĂ©tendre quâil y a davantage de complexitĂ© dans lâĂ©lĂ©ment que dans lâensemble, ou, pour ĂȘtre un peu plus provocant, que le tout est toujours plus petit que ses parties ». Nous appelons ce postulat lâapproche par un niveau » A-1 par opposition Ă lâapproche par deux niveaux » A-2. 4Un tel postulat nâest intĂ©ressant que sâil crĂ©e une diffĂ©rence empirique dans le traitement des donnĂ©es. Câest pourquoi nous tenterons de dĂ©montrer deux points Certaines nouvelles techniques numĂ©riques, et surtout certains outils offerts par lâanalyse des rĂ©seaux, permettraient de suivre et visualiser le phĂ©nomĂšne social dâune façon qui rend lâapproche A-1 un peu plus logique que lâ il est possible dâexpliquer les caractĂ©ristiques plus durables de lâordre social en apprenant Ă naviguer au travers de monades » entrecroisĂ©es au lieu dâalterner entre les deux niveaux de lâindividuel et du collectif. Notons que, par la suite, lâadjectif social » ne se rĂ©fĂ©rera pas aux seuls acteurs humains, mais sera Ă©tendu Ă toutes les entitĂ©s traitĂ©es conjointement. Pour dĂ©montrer notre raisonnement, nous procĂ©derons de la maniĂšre suivante nous commencerons par utiliser la notion de profil pour donner une idĂ©e gĂ©nĂ©rale de notre analyse section 1 ; ensuite, nous expliquerons en quoi notre approche est diffĂ©rente de lâidĂ©e de structures produites par lâinteraction entre acteurs rĂ©duits Ă leur taille atomique section 2 ; et enfin comment la notion de structure devrait cĂ©der la place Ă celle de circulation dâensembles conçus diffĂ©remment section 3. Les derniĂšres sections offrent une description visuelle de lâ ensemble » qui sâavĂšre bien plus petit que ses constituants section 4 et suggĂšrent une approche Ă la navigation Ă travers les donnĂ©es, diffĂ©rente de celle associĂ©e Ă lâidĂ©e de modĂ©lisation section 5.Comment les profils numĂ©riques modifient les relations Ă©lĂ©ment/ensemble5Lâessentiel de notre analyse sâappuie sur la maniĂšre dont les profils dĂ©sormais disponibles sur de nombreuses plates-formes numĂ©riques modifient la dĂ©finition mĂȘme de ce que sont les individus â et, Ă partir de lĂ , comment nous devrions traiter les ensembles. En surfant sur des plates-formes telles que Flickrâą, ou MySpaceâą, nous avons tous fait lâexpĂ©rience de naviguer dâun page html Ă lâautre, passant des individus aux groupes, sans jamais rencontrer rien que ne ressemble Ă un saut de niveau. Câest cette expĂ©rience, si typique du Web que nous voulons utiliser comme base pour repenser la thĂ©orie sociale, car, grĂące Ă elle, la navigation A-1 est devenue une expĂ©rience commune qui pourrait se rĂ©sumer en une phrase pour identifier un acteur, il faut dĂ©ployer son rĂ©seau. 6Prenons un exemple simple. Nous avons tous prĂ©parĂ© un jour un rendez-vous en cherchant sur Internet le nom de la personne que nous allions bientĂŽt rencontrer. Si, par exemple, nous cherchons sur Internet le curriculum vitae dâun chercheur dont nous nâavons jamais entendu parler, nous obtiendrons une liste dâĂ©lĂ©ments vagues au premier abord. Disons que nous venons dâapprendre quâ HervĂ© C. » est maintenant professeur dâĂ©conomie Ă Sciences Po ». Au dĂ©but de la recherche, ce nâest rien de plus quâun nom propre. Puis, nous dĂ©couvrons quâil a un doctorat de Penn University », quâil a Ă©crit sur les comportements de vote parmi les actionnaires dâentreprise », quâil a dĂ©montrĂ© un thĂ©orĂšme sur lâirrationalitĂ© de lâagrĂ©gation », etc. Si nous parcourons la liste des caractĂ©ristiques, la dĂ©finition sâĂ©tendra jusquâĂ ce que, paradoxalement, elle prĂ©cise de mieux en mieux de qui il sâagit. TrĂšs vite, comme dans le jeu du portrait, nous allons zoomer sur un nom et un seul, pour atteindre le rĂ©sultat unique HervĂ© C. ». Qui est cet acteur ? RĂ©ponse ce rĂ©seau. Ce qui nâĂ©tait dâabord quâune chaĂźne de mots sans signification, sans contenu, un simple point, possĂšde dĂ©sormais un contenu, câest-Ă -dire un rĂ©seau que rĂ©sume un seul nom propre parfaitement spĂ©cifiĂ©. Cette sĂ©rie de caractĂšres â le rĂ©seau â peut maintenant sâentendre comme une enveloppe â lâacteur â qui renferme son contenu en une formule abrĂ©gĂ©e. 7Dans lâexemple, une entitĂ© est simplement dĂ©finie par la liste non exhaustive des donnĂ©es qui lui sont attachĂ©es. Pour utiliser la terminologie de la thĂ©orie de lâActeur-RĂ©seau, un acteur est dĂ©fini par son rĂ©seau Law et Hassard, 1999. Ce rĂ©seau ne constitue pas un second niveau ajoutĂ© Ă celui de lâindividu, mais est exactement le mĂȘme niveau, dĂ©ployĂ© diffĂ©remment. En passant de lâacteur Ă son rĂ©seau, nous restons au sein de A-1 Law, 2004.Figure 1DĂ©tail du profil » du mot clĂ© self-organisation »DĂ©tail du profil » du mot clĂ© self-organisation »Note Le rĂ©seau de la figure 1 a Ă©tĂ© dessinĂ© en prenant comme nĆuds tous les mots clĂ©s, les auteurs, les rĂ©fĂ©rences et les adresses des articles qui utilisent le mot clĂ© self-organisation » sur le Web of Science© entre 2006 et 2010. La taille des nĆuds et des Ă©tiquettes est proportionnelle au nombre dâarticles dans lesquels un auteur, une institution, une rĂ©fĂ©rence ou un mot clĂ© lien entre deux nĆuds est créé chaque fois que les deux entitĂ©s apparaissent dans le mĂȘme article. Les liens sont pondĂ©rĂ©s en fonction de la frĂ©quence de la co-occurrence entre les positionner les nĆuds dans lâespace, nous avons utilisĂ© lâalgorithme ForceAtlas 2 Jacomy, 2011 implĂ©mentĂ© dans le logiciel Gephi Cet algorithme assigne une force de rĂ©pulsion aux nĆuds et une force dâattraction aux liens pour obtenir une situation dâĂ©quilibre dans laquelle les nĆuds fortement liĂ©s tendent Ă apparaĂźtre proches les uns des autres. Le nĆud correspondant Ă self-organisation » a Ă©tĂ© effacĂ© par souci de lisibilitĂ© par dĂ©finition il Ă©tait connectĂ© Ă tous les nĆuds du graphique.Toutes les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur fait de se dĂ©placer facilement dâun profil Ă un autre indique dĂ©jĂ clairement que les thĂ©ories sociales partant des deux approches A-1 et A-2 ne se rapportent pas Ă diffĂ©rents domaines de la rĂ©alitĂ©, mais Ă diffĂ©rentes maniĂšres de naviguer parmi les donnĂ©es Franzosi, 2004 ; Michel et al., 2011. SpĂ©cifique » et gĂ©nĂ©ral », individu » et collectif », acteur » et systĂšme » ne constituent pas des rĂ©alitĂ©s substantielles mais des termes provisoires qui dĂ©pendent plutĂŽt de la facilitĂ© avec laquelle nous naviguons entre les profils et parvenons Ă les englober par un nom propre. Plus la navigation est difficile, plus sera grande la tentation de les traiter selon lâapproche par deux niveaux A-2. Tant quâil est difficile dâaccĂ©der Ă la liste de tous les articles dâune sous-catĂ©gorie telle que votes de la super-majoritĂ© », on est tentĂ© de la dĂ©finir comme un ensemble » dont lâindividu professeur nommĂ© HervĂ© C. » ne serait quâun membre » â câest justement ce que fait la notion de paradigme scientifique » au sens de Thomas Kuhn voir ci-dessous. MĂȘme chose sâil nâexiste pas de bon site internet listant tous les universitaires de lâuniversitĂ© appelĂ©e Sciences Po ». Dans ce cas, on sera tentĂ© de dire quâil existe une entitĂ© dĂ©finie de maniĂšre gĂ©nĂ©rale â une personne morale », par exemple â dont le nom propre est Sciences Po », qui existe dans une indĂ©pendance relative par rapport Ă tous les acteurs qui dĂ©finissent le contenu de son enveloppe. Câest lĂ quâentre en scĂšne lâanalyse des deux niveaux un pour les composants, un autre pour lâensemble. La tentation sera dĂšs lors irrĂ©sistible de regarder le niveau dit de la structure » pour dĂ©finir des caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©rales, et le niveau des individus si lâon veut Ă©tudier ce quâils ont de particulier. Et pourtant, cette distribution des rĂŽles entre niveaux nâest que lâeffet du type de technologie utilisĂ©e pour naviguer Ă travers les 2Exemple typique dâinterface numĂ©rique montrant un mĂ©lange de donnĂ©es agrĂ©gĂ©es et distinctsExemple typique dâinterface numĂ©rique montrant un mĂ©lange de donnĂ©es agrĂ©gĂ©es et distinctsNote La figure 2 montre un exemple typique de navigation dans un paysage de donnĂ©es complexe. La capture dâĂ©cran montre les donnĂ©es agrĂ©gĂ©es en haut, les statistiques Ă droite et les blogs individuels en bas Ă gauche, avec les mots surlignĂ©s lâexemple provient de la plate-forme Linkscape© par Linkfluence©. Ce type de superposition, en rendant visuellement cohĂ©rentes les deux extrĂ©mitĂ©s de tant de thĂ©ories sociales, aide Ă reconsidĂ©rer lâidĂ©e tardienne selon laquelle micro et macro constituent un artĂ©fact de la maniĂšre dont les donnĂ©es sont les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur meilleure preuve que ces deux niveaux ne correspondent Ă aucun vĂ©ritable domaine ontologique est quâils commencent Ă disparaĂźtre, pour ĂȘtre littĂ©ralement redistribuĂ©s chaque fois quâon modifie ou quâon amĂ©liore la qualitĂ© dâaccĂšs aux fichiers de donnĂ©es, permettant ainsi Ă lâobservateur de dĂ©finir nâimporte quel acteur par son rĂ©seau et vice versa. Câest exactement ce que subissent les notions mĂȘmes dâ individu » et dâ ensemble », grĂące Ă la remarquable extension des outils numĂ©riques. LâexpĂ©rience de plus en plus commune aujourdâhui de naviguer dâun Ă©lĂ©ment Ă un ensemble peut pousser les chercheurs Ă accorder moins dâimportance Ă ces deux extrĂ©mitĂ©s provisoires. Au lieu de devoir choisir, et donc sauter de lâĂ©lĂ©ment Ă lâensemble, du niveau micro au niveau macro, on occupe toutes sortes dâautres positions, en rĂ©organisant constamment la maniĂšre dont les profils sont interconnectĂ©s et entrecroisĂ©s. Ce phĂ©nomĂšne est bien connu non seulement par la thĂ©orie de lâacteur-rĂ©seau, mais aussi par les chercheurs travaillant sur lâanalyse de rĂ©seaux White, 2008. Ăvidemment, nous ne prĂ©tendons pas que les profils numĂ©riques seraient si complets et si rapidement accessibles quâils auraient dĂ©jĂ dissous les deux niveaux, mais seulement quâils les ont suffisamment redistribuĂ©s pour montrer que lâanalyse par niveaux nâest pas le seul moyen de traiter la navigation dans les donnĂ©es. 10Pour rĂ©sumer cette premiĂšre section, nous affirmerons que si nous avons pris lâhabitude de traiter diffĂ©remment une entitĂ© et son contexte, câest seulement par manque dâaccĂšs Ă la liste de ses propriĂ©tĂ©s. Au minimum, les profils numĂ©riques disponibles posent Ă la thĂ©orie sociale de nouvelles questions qui ne peuvent pas ĂȘtre abordĂ©es dans le cadre dâune opposition entre lâapproche par lâĂ©lĂ©ment et celle par lâ isoler des monades » entrecroisĂ©es11AprĂšs avoir donnĂ© un avant-goĂ»t de notre analyse, passons Ă ses aspects plus opĂ©ratoires et techniques. Dans lâapproche par deux niveaux A-2, la procĂ©dure la plus courante pour distinguer les macrostructures des microrelations consiste Ă Ă©tablir un premier niveau dâentitĂ©s distinctes, puis Ă leur donner quelques rĂšgles dâinteraction et dâobserver enfin si la dynamique de ces interactions permet de voir apparaĂźtre un second niveau, celui du collectif. Ce second niveau aurait gĂ©nĂ©rĂ© suffisamment de nouvelles propriĂ©tĂ©s pour mĂ©riter le titre de structure, câest-Ă -dire une autre entitĂ© pour laquelle il serait possible de dire quâelle est plus que la somme de ses composants ». Câest le cas dans la plupart des modĂšles de comportements collectifs, quâil sâagisse dâatomes, de gaz, de molĂ©cules, dâinsectes, dâessaims, de marchĂ©s, de foules, dâĂtats, de vie artificielle, etc. voir Moussaid et al., 2009, par exemple. La force explicative et la simple beautĂ© de ces modĂšles sont liĂ©es Ă un tel minimax obtenir la structure la plus durable et la plus solide Ă partir de lâensemble de rĂšgles le plus petit possible. 12Il faut souligner ici que, depuis le dix-septiĂšme siĂšcle, ce modĂšle a toujours Ă©tĂ© Ă©tabli par contraste avec un autre modĂšle, apparemment totalement opposĂ©, qui met, quant Ă lui, au dĂ©but une entitĂ© sui generis â par exemple un corps, un organe, un super-organisme, une fourmiliĂšre, une ruche, une sociĂ©tĂ©, un Ătat, etc. â afin, ensuite, dâen dĂ©finir les composants » distincts selon leurs rĂŽles » et leurs fonctions ». Cette alternative est souvent appelĂ©e holiste » ou organiciste » Weick, 1995. Bien que les deux visions diffĂšrent gĂ©nĂ©ralement dans les consĂ©quences politiques que lâon peut en tirer Hirshmann, 1980, elles ne sont pour nous que deux façons diffĂ©rentes de traiter le phĂ©nomĂšne social par le biais de la mĂȘme approche A-2. Les deux approches reposent sur des techniques de collecte de donnĂ©es quasi identiques. Leur principale diffĂ©rence rĂ©side dans lâordre chronologique par lequel elles listent les deux concepts du micro au macro pour la premiĂšre, du macro au micro pour la seconde. Ce que la seconde prend comme point de dĂ©part, la premiĂšre le prend comme but final. 13Prenons le premier cas comme point de dĂ©part, puisque câest le plus frĂ©quemment utilisĂ© de nos jours. Pour dĂ©finir le premier niveau, le concepteur du modĂšle doit imaginer des entitĂ©s indivisibles, distinctes et dotĂ©es dâaussi peu de caractĂ©ristiques que possible ; ensuite, il conçoit des rĂšgles dâinteraction entre ces entitĂ©s atomiques â toujours, aussi simples que possible ; puis, il observe comment ces interactions, aprĂšs nombre de fluctuations, se stabilisent suffisamment pour mĂ©riter le nom de structure ; et enfin, il vĂ©rifie si cette structure est suffisamment solide pour remplacer le tout » que leurs adversaires â les thĂ©oriciens holistiques ou organicistes â prĂ©tendent antĂ©rieurs ou supĂ©rieurs aux parties » Wilson, 1975. 14Ces stratĂ©gies de recherches sont utilisĂ©es, par exemple, par les Ă©thologistes pour reproduire la gĂ©omĂ©trie hautement complexe de la fourmiliĂšre avec seulement quelques rĂšgles dâinteraction entre des fourmis aveugles et considĂ©rĂ©es comme des acteurs interchangeables dans le but de prouver quâune fourmiliĂšre nâest pas un super-organisme Pasteels et Deneubourg, 1987 ; Moussaid et al., 2009 ; Kuong et al., 2011. Cette stratĂ©gie mĂšne Ă©galement aux fascinants modĂšles de marchĂ©s oĂč, sans le coup de pouce de la main invisible », la simple interaction entre des individus Ă©goĂŻstes, mais calculateurs, aboutit Ă une rĂ©partition des ressources plus Ă©quitable que celle quâun Ătat aurait pu gĂ©nĂ©rer. Câest aussi le cas des gĂšnes Ă©goĂŻstes » coordonnant des parties du corps pour un rĂ©sultat quâaucun organe supĂ©rieur Ă une cellule nâaurait pu dicter Kupiec et Sonigo, 2000. Cela arrive Ă©galement lorsque des sociologues cartographient les schĂ©mas de sĂ©grĂ©gation dâune ville Ă lâaide des deux seules rĂšgles dâattraction et rĂ©pulsion entre individus voisins Schelling, 1971 ; Grauwin et al., 2009. 15Cette approche A-2 permet de reproduire et de prĂ©voir la dynamique de certains phĂ©nomĂšnes collectifs dans lesquels le comportement des individus peut ĂȘtre dĂ©crit de maniĂšre satisfaisante Ă partir de quelques rĂšgles et paramĂštres simples. Prenons pour exemple le public dâun stade faisant la Ola ! ». Cette vague humaine peut ĂȘtre expliquĂ©e en caractĂ©risant les rĂ©actions des individus par trois Ă©tats enthousiaste, actif et passif Farkas, 2002. En calculant les probabilitĂ©s de transition entre ces Ă©tats, les scientifiques peuvent prĂ©dire la taille, la forme, la vitesse et la stabilitĂ© de la Ola ! » naissante. Ils pourraient mĂȘme prĂ©dire la manifestation dâune telle vague en fonction du nombre dâinitiateurs pour dĂ©clencher une Ola ! », il faut une masse critique dâinitiateurs. Lorsquâune poignĂ©e de paramĂštres suffit Ă stimuler la dynamique dâun systĂšme, on peut dĂ©crire les individus comme des atomes Barabasi, 2003 ; Cho, 2009. Cette approche sâest avĂ©rĂ©e utile pour comprendre les caractĂ©ristiques de files dâattente, dâembouteillages, de mouvements de foule, etc. 16Mais les humains ne passent pas leur temps dans des files dâattente, des embouteillages ou des mouvements de foule ! Il serait dommage de limiter la portĂ©e de la quantification de la thĂ©orie sociale Ă ces quelques comportements. Le problĂšme de lâapproche atomiste » est quâelle se rĂ©vĂšle incapable de comprendre les dynamiques collectives plus complexes. Plusieurs causes ont Ă©tĂ© avancĂ©es pour expliquer ce problĂšme par exemple que le comportement humain ne peut gĂ©nĂ©ralement pas ĂȘtre prĂ©dit par des rĂšgles qui seraient indĂ©pendantes du contexte, rĂšgles qui sont nĂ©anmoins nĂ©cessaires Ă lâĂ©criture dâun algorithme Flyvjberg, 2001. Cependant, la vĂ©ritable explication, selon nous, est que lâapproche A-2 part dâune vision trop restreinte du social pourquoi prĂ©sumer quâil existe dâabord des agents simples, puis des interactions, puis une structure complexe â ou le contraire ? Pourquoi distinguer des instants successifs â dans quelque ordre que ce soit ? 17Une telle segmentation est particuliĂšrement Ă©trange quand il devient si facile de collecter beaucoup dâinformations sur chaque entitĂ© distincte prise dans ses connexions avec dâautres afin dâen extraire le profil Ă©largi. Si la complexitĂ© des Ă©lĂ©ments distincts peut ĂȘtre Ă©tudiĂ©e et traitĂ©e, pourquoi serait-il nĂ©cessaire de dĂ©pouiller dâabord ces Ă©lĂ©ments de toutes leurs caractĂ©ristiques ? Pourquoi les modĂšles devraient-ils fonctionner de maniĂšre classique en ajoutant des rĂšgles dâinteractions simples entre des atomes maintenant dĂ©possĂ©dĂ©s du rĂ©seau de propriĂ©tĂ©s quâils possĂ©daient auparavant ? Et pourquoi la complexitĂ© devrait-elle ĂȘtre le rĂ©sultat dâun ensemble calculĂ©, alors quâelle Ă©tait lĂ dĂšs le dĂ©part ? Ce qui apparaissait comme du bon sens avec une certaine technologie de collecte de donnĂ©es pourrait cesser de lâĂȘtre maintenant que les profils sont si facilement accessibles. 18Dans lâapproche A-1, en revanche, les Ă©lĂ©ments ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s, au sens strict, comme interagissant les uns avec les autres ils sont lâun et lâautre Ă la fois, ou, mieux, ils se possĂšdent lâun lâautre, puisque chaque entrĂ©e de la liste qui caractĂ©rise une entitĂ© peut aussi ĂȘtre une entrĂ©e de la liste caractĂ©risant une autre entitĂ© Tarde, 1903, 1999 [1895]. En dâautres termes, lâassociation nâintervient pas aprĂšs que des entitĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©finies par quelques propriĂ©tĂ©s, mais constitue ce qui caractĂ©rise les entitĂ©s en premier lieu Dewey, 2010. On peut mĂȘme prĂ©tendre que la notion dâ interaction » en tant que rencontre entre Ă©lĂ©ments distincts est la consĂ©quence du fait que lâon possĂšde des informations limitĂ©es sur les attributs qui dĂ©finissent ces Ă©lĂ©ments Latour, 2010. 19Mais existe-il une alternative Ă la logique qui diffĂ©rencie atomes, interactions et ensembles comme des sĂ©quences successives, quels quâen soient lâordre et la chronologie ? Une alternative qui nâobligerait pas lâobservateur Ă passer du niveau micro au niveau macro comme lâexige lâapproche A-2, mais qui resterait, comme le rĂ©clame la thĂ©orie de lâacteur rĂ©seau, totalement plane » ? 20Il nous semble que lâalternative Ă la structure atome-interaction serait ce que Gabriel Tarde appelait, en rĂ©fĂ©rence Ă Leibniz, une monade » Tarde, 1999 [1895]. Une monade nâest pas une partie de lâensemble, mais un point de vue sur toutes les autres entitĂ©s prises conjointement et non pas saisies Ă la façon dâune totalitĂ©. Bien que les historiens de la philosophie dĂ©battent encore de ce quâest une monade pour Leibniz et ce quâa vraiment voulu dire Tarde Milet, 1970 ; Candea, 2010, nous prĂ©tendons que cette notion quelque peu exotique pourrait ĂȘtre rendue pleinement opĂ©rationnelle par la navigation Ă travers les profils numĂ©riques que nous venons dâesquisser. 21Notre argument repose sur la pratique dâun lent apprentissage de ce quâ est » une entitĂ© quand on ajoute de plus en plus dâĂ©lĂ©ments Ă son profil. Au dĂ©but, lâentitĂ© nâest quâun point dans notre exemple, elle nâest quâun nom propre HervĂ© C. », une entrĂ©e sur laquelle on clique sur lâĂ©cran dâun ordinateur puis elle se remplit » avec de plus en plus dâĂ©lĂ©ments qui la prĂ©cisent jusquâĂ ce que lâobservateur considĂšre quâil en sait suffisamment et quâil commence Ă associer le nom propre de lâentitĂ© Ă la liste tout entiĂšre. Que sâest-il passĂ© ? Nous avons dĂ©fini une monade, câest-Ă -dire un point de vue trĂšs spĂ©cifique â telle ou telle entitĂ© â Ă partir de toutes les autres entitĂ©s prĂ©sentes dans lâensemble de donnĂ©es. Le principe de cette navigation est quâelle ne commence pas avec des Ă©lĂ©ments interchangeables â comme avec lâapproche A-2 â mais individualise une entitĂ© en dĂ©ployant ses caractĂ©ristiques. Plus la liste des Ă©lĂ©ments sâaccroĂźt, plus le point de vue sur cette monade particuliĂšre se prĂ©cise. Il commence par un point, et il se termine pour lâinstant en monade, avec un intĂ©rieur englobĂ© par une enveloppe. Si lâon devait poursuivre la recherche indĂ©finiment, le monde entier », comme disait Leibniz, serait saisi » ou reflĂ©tĂ© » par ce point de vue idiosyncratique. 22Comme nous lâavons vu, lâintĂ©rĂȘt crucial de cette notion de monade â si on met de cĂŽtĂ© sa mĂ©taphysique exotique â est quâelle est pleinement rĂ©versible, un aspect quâil Ă©tait impossible de mettre en Ćuvre avant lâaccĂšs aux mĂ©dias numĂ©riques. Chacun des Ă©lĂ©ments utilisĂ©s pour dĂ©finir lâentitĂ© est lui-mĂȘme modifiĂ© en devenant un Ă©lĂ©ment de cette entitĂ©. Dans notre exemple, bien quâĂȘtre professeur Ă Sciences Po » dĂ©finisse qui est HervĂ© C. », lorsquâon passe en quelques clics Ă Sciences Po » nous rĂ©alisons que cela est devenu un corps acadĂ©mique lĂ©gĂšrement diffĂ©rent maintenant quâil est capable dâattirer un mathĂ©maticien » et un Ă©conomiste rĂ©putĂ© de lâĂ©tranger » comme doyen des affaires acadĂ©miques ». Sciences Po » aussi a Ă©tĂ© individualisĂ©e et elle ne peut en aucune façon ĂȘtre prise pour un Ă©lĂ©ment du contexte » Ă lâintĂ©rieur duquel HervĂ© C. » devrait ĂȘtre situĂ© ». En dâautres termes, selon la façon dont on navigue sur son profil, Sciences Po » est Ă©galement une monade. 23Le cĂŽtĂ© rafraĂźchissant de cette nouvelle habitude de circuler est quâon nâa jamais Ă identifier une entitĂ© comme partie dâun tout », puisquâil nây a pas de tout. En effet, dans lâapproche A-1, il nây a, au sens strict du terme, aucun atome isolĂ© les profils sont totalement dĂ©ployĂ©s au travers de leurs attributs, ni aucun tout chaque tout est la liste des acteurs qui le composent. LâexpĂ©rience de naviguer parmi les profils disponibles sur des plates-formes numĂ©riques est telle que, lorsquâon passe dâune entitĂ© â la substance â Ă son rĂ©seau â ses attributs â, on ne passe pas du particulier au gĂ©nĂ©ral, mais du particulier Ă dâautres particuliers. 24En dâautres termes, tant la notion de contexte » que celle dâ Ă©lĂ©ment » peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des artefacts dus Ă lâusage de certains outils de navigation Hagerstrand, 1953 ; Garfinkel, 2002 ; Latour, 2006. Ălargissez la liste des entrĂ©es, facilitez la navigation, visualisez correctement lâ intĂ©rieur » de chaque monade et vous pourriez bien ne pas avoir besoin du tout du schĂ©ma structure-atome-interaction ou de la rĂ©partition entre acteurs et systĂšme. Vous passerez de monades en monades, sans jamais quitter le niveau des particuliers et pourtant, vous ne rencontrerez pas le moindre Ă©lĂ©ment de taille atomique, sauf au premier clic, lorsque vous commencerez vos recherches sur un Ă©lĂ©ment et nâobtiendrez quâun point vide. 25Ă prĂ©sent, notre hypothĂšse de travail devrait ĂȘtre plus claire il doit ĂȘtre possible de passer dâun particulier Ă un autre en obtenant en chemin des ensembles partiels et sans jamais recourir Ă aucun des trois concepts qui composent lâapproche A-2 il nâexiste pas dâĂ©lĂ©ment distinct ; ils nâinteragissent pas ; il nây a pas de tout supĂ©rieur aux parties. Une conclusion aussi radicale sâexplique en partie par la nouvelle disponibilitĂ© de donnĂ©es qui permettent aux entitĂ©s dâĂȘtre distinguĂ©es par la liste non exhaustive des attributs qui les composent. Câest ce quâon veut dire par une monade, un point de vue, ou, plus exactement, un genre de navigation qui compose une entitĂ© au travers dâautres entitĂ©s et, par ce biais, les singularise toutes successivement â toutes » Ă©tant une liste ouverte dont la taille et la prĂ©cision dĂ©pendent de recherches complĂ©mentaires et jamais de lâirruption soudaine dâun niveau supĂ©rieur. 26En dâautres termes, les donnĂ©es peuvent ĂȘtre traitĂ©es par deux procĂ©dures de navigation opposĂ©es une qui repose sur une sĂ©rie de sauts de lâatome Ă lâinteraction puis Ă la structure â et vice versa, et lâautre qui repose sur le principe monadologique. Introduit dans la thĂ©orie sociale par Tarde par le biais de moyens littĂ©raires, puis abandonnĂ© en raison du manque de moyens empiriques pour la mettre en Ćuvre, ce principe pourrait connaĂźtre une seconde vie grĂące aux nouvelles techniques de navigation et de visualisation numĂ©riques disponibles Candea, 2010. 27Pour rĂ©sumer cette deuxiĂšme section, il est important de souligner que nous sommes parfaitement conscients quâune telle dĂ©finition reste trĂšs tributaire de la qualitĂ© et de la quantitĂ© dâinformations ainsi que des techniques de visualisation Ă notre disposition. Souvenons-nous que notre analyse est strictement limitĂ©e au processus de recherches dans les bases de donnĂ©es numĂ©riques et que nous ne tenons pas compte de la maniĂšre dont ces Ă©lĂ©ments sont collectĂ©s dans la vraie vie ». Nous admettons quâidentifier des monades ne sera pas toujours faisable. Pour la plupart des entitĂ©s, le profilage sera impossible pour un certain nombre de raisons nos techniques dâobservation sont trop rudimentaires pour suivre chaque entitĂ© individuellement â câest souvent le cas avec les fourmis dâune fourmiliĂšre, les cellules dâun organe, des acteurs humais dans un sondage de grande Ă©chelle ;les entitĂ©s sont vraiment interchangeables puisquâil nây a aucun moyen, mĂȘme avec les outils de suivi les plus sophistiquĂ©s, de les diffĂ©rencier entre elles â ce sera le cas dâatomes dans un gaz Jensen, 2001 ;mĂȘme sâil Ă©tait possible de les diffĂ©rencier, la plupart de ces informations devraient ĂȘtre effacĂ©es ou gardĂ©es secrĂštes pour des raisons dâĂ©thique â câest gĂ©nĂ©ralement le cas des appels tĂ©lĂ©phoniques, rĂ©seaux sociaux, fichiers mĂ©dicaux, etc. ;bien quâelles se revendiquent transparentes et Ă©galitaires, la plupart des bases de donnĂ©es actuelles sont pleines dâinĂ©galitĂ©s de statuts et la plupart dĂ©pendent de dĂ©finitions plutĂŽt grossiĂšres du monde affirmons simplement que chaque fois quâil est possible de recourir aux profils, le principe monadologique se rĂ©vĂ©lera fructueux. La raison pour laquelle nous insistons tant sur cet aspect est quâil suit un autre des raisonnements de Tarde qui stipule que lâapproche A-1 nâa pas du tout Ă ĂȘtre limitĂ©e aux acteurs humains. Chaque fois quâun chercheur a rĂ©ussi, par le biais dâune stratĂ©gie de recherche habile, Ă isoler des profils particuliers dâagents â babouins Strum et Fedigan, 2000, bactĂ©ries Stewart et al., 2004, publications scientifiques Chavalarias et Cointet 2006, rĂ©seaux sociaux White, 2008, corporations Stark et Vedres 2006, pour citer quelques exemples qui ont fourni des rĂ©sultats remarquables â la portĂ©e de lâapproche A-2 sâest considĂ©rablement affaiblie. Ainsi, les premiers primatologues considĂ©raient les babouins comme vivant Ă lâintĂ©rieur » dâune structure sociale trĂšs rigide dominĂ©e exclusivement par les mĂąles, jusquâĂ ce que des techniques plus avancĂ©es dâindividualisation permettent de cartographier la contribution de tous les individus superposĂ©s, rĂ©vĂ©lant les qualitĂ©s sociales remarquables des femelles babouins Strum, 1995. Câest la raison pour laquelle nous sommes convaincus que la procĂ©dure de navigation A-1 apportera une alternative utile dans la collecte et lâorganisation de bases de passer du mĂ©ta-rĂ©partiteur »28AprĂšs avoir montrĂ© comment la notion de monade peut modifier la distribution des rĂŽles entre Ă©lĂ©ments de taille atomique et interactions, nous devons Ă©tudier comment elle peut se substituer Ă la notion de structure â que cette derniĂšre apparaisse avant les interactions comme dans les thĂ©ories holistes, ou Ă la fin, comme dans les thĂ©ories individualistes. Avons-nous vraiment besoin de ce niveau pour comprendre le comportement collectif maintenant quâil est devenu plus simple dâaccĂ©der Ă des profils Ă©largis et superposĂ©s ? 29Le problĂšme vient du point de dĂ©part utilisĂ© dans lâapproche A-2 pour formuler cette question. Dans sa version la plus classique, elle repose sur la prĂ©somption que les comportements collectifs sont dĂ©terminĂ©s Ă partir dâun point central qui demeure une constante, quel que soit le nom quâon lui donne au fil de lâhistoire intellectuelle providence, super-organisme, Ătat, organe politique, sĂ©lection naturelle, etc. Pour rester neutre, on lâappellera un mĂ©ta-rĂ©partiteur. Cette idĂ©e est si profondĂ©ment ancrĂ©e que mĂȘme ceux qui contestent son existence ne peuvent sâempĂȘcher de la prendre comme point de dĂ©part. Câest parce quâils se sentent obligĂ©s de discuter lâexistence de ce mĂ©ta-rĂ©partiteur que nombre de scientifiques, lorsquâils Ă©laborent leurs modĂšles, dĂ©finissent la question de la maniĂšre suivante comment se fait-il que les individus puissent crĂ©er un ordre sans lâexistence dâaucun rĂ©partiteur ? » 30Par exemple, comment les fourmis, sans aucun super-organisme et en lâabsence de planification centralisĂ©e du type esprit de la fourmiliĂšre », sont-elles nĂ©anmoins capables de construire des nids aussi fonctionnels Wilson, 1971 ; Kuong et al., 2011 ; comment le public dâun stade peut-il si bien coordonner les mouvements dâune Ola ! » sans aucun Ă©lĂ©ment centralisateur donnant le signal ou des instructions pour lancer le processus de la vague Farkas, 2002 ; comment un vol dâoiseaux, les Ă©lĂ©ments Ă©goĂŻstes et calculateurs dâun marchĂ©, et ainsi de suite, peuvent-ils faire preuve dâordre sans quâun ordre soit donnĂ© ? La fourmi ne voit pas la globalitĂ© du nid ; le fan de football ne contrĂŽle pas le mouvement de la Ola ! » ; aucun oiseau nâa de vision du vol tout entier, aucun gĂšne nâanticipe le phĂ©notype quâil finit par produire, aucun agent Ă©conomique nâentrevoit la globalitĂ© du marchĂ©, etc. Et pourtant, les gens semblent sâĂ©tonner quâau final, il existe des structures et des ordres. DâoĂč lâobjectif annoncĂ© des thĂ©ories sociales de comprendre quâun tel exploit soit possible en lâabsence » de rĂ©partiteur central. Dans tous ces programmes de recherches, lâapproche A-2 distingue dâun cĂŽtĂ© un mĂ©ta-rĂ©partiteur qui pourrait en thĂ©orie » obtenir le mĂȘme rĂ©sultat mais qui est dans les faits absent et, dâun autre cotĂ©, la surprenante capacitĂ© de chaque Ă©lĂ©ment de taille atomique Ă obĂ©ir » Ă lâordre dâun maĂźtre inexistant. Nâest-ce pas quasiment un miracle ? Câen est un en effet⊠31Quoique cette approche semble de bon sens, nous pensons que câest elle qui a acculĂ© de nombreux programmes de recherches dans une impasse. Elle implique en effet que la structure Ă©mergeant des interactions entre les Ă©lĂ©ments atomiques devrait, au final, imiter ce que le rĂ©partiteur absent Ă©tait censĂ© faire Ă savoir, crĂ©er des rĂšgles de comportement et donner des ordres aux Ă©lĂ©ments. Comme nous le verrons, cette dĂ©finition place les analystes face Ă un dilemme, les contraignant simultanĂ©ment Ă dire que la structure fait le mĂȘme travail que le rĂ©partiteur mythique et pourtant que câest totalement diffĂ©rent puisque le rĂ©partiteur nâexiste pas ! Le rĂ©sultat net et paradoxal est de rendre le paradigme qui fait passer du niveau micro au macro impossible Ă diffĂ©rencier de son prĂ©tendu opposant, qui va du macro au micro. Sâil nây a pas de rĂ©partiteur, pourquoi demander Ă une structure Ă©mergente quâelle remplisse les mĂȘmes fonctions que ce fantĂŽme ? Lâexistence subliminale dâun mĂ©ta-rĂ©partiteur â mĂȘme lorsquâil est dit ne pas exister â paralyse les thĂ©ories sociales dans leur recherche du bon moyen de dĂ©finir le phĂ©nomĂšne clĂ© du social. Câest le fantĂŽme qui effraie la recherche, encore plus sĂ»rement que le mythe dâun individu conçu comme un atome Tarde, 1999 [1895]. 32De la mĂȘme façon que lâapproche A-2 prend lâĂ©lĂ©ment individuel pour un atome, et donc passe Ă cĂŽtĂ© du profil qui lâindividualise comme nous avons vu dans la section 2, lâapproche A-2 passe encore plus sĂ»rement Ă cĂŽtĂ© de la dĂ©finition de ce quâest une totalitĂ© en dĂ©finissant la structure comme lâĂ©quivalent fonctionnel du tout » absent. Si les monades ne sont pas des atomes, elles nâentrent pas » non plus dans » ou ne finissent pas par former » des structures. 33Cette analyse perd son apparence de radicalitĂ© lorsquâon prend en compte, une fois de plus, lâexpĂ©rience pratique consistant Ă naviguer dans les fichiers de donnĂ©es. Lorsquâon dit, par exemple, que des fourmis, en interagissant, produisent involontairement une fourmiliĂšre sans » ĂȘtre elles-mĂȘmes conscientes du plan dâensemble », nous avons involontairement confondu deux points de vue diffĂ©rents celui de la fourmi et celui de lâĂ©thologue. Câest ce qui explique la dĂ©connexion quand on dit que les fourmis, par le biais de leurs interactions aveugles, engendrent » la structure Ă©mergente du nid. Ă proprement parler, elles nâengendrent rien de la sorte â lâinformation concernant le nid quâelles construisent est juste une autre monade, un nid individualisĂ© dĂ©fini par les fourmis qui vivent Ă lâintĂ©rieur. Ce que nous appelons la structure Ă©mergente du nid » est une question qui concerne lâobservateur humain mais pas les fourmis elles-mĂȘmes. Alors quâen se basant sur lâapproche A-2, il semble quâil existe une voie qui mĂšne du premier niveau au second, cette voie nâest rien quâune connexion virtuelle due au fantĂŽme du rĂ©partiteur central et au fait que les scientifiques oublient quâils observent la situation Ă partir de deux points de vue sans aucun lien pratique entre eux les fourmis ne sâintĂ©ressent pas aux liens-atomiques-entre-fourmis-aveugles-mais-nĂ©anmoins-capables-de-rĂ©soudre-le-problĂšme-de-lâordre-social-global ». Si nous voulions tenir compte de leur expĂ©rience de la globalitĂ©, les fourmis devraient pouvoir sâintĂ©resser Ă un phĂ©nomĂšne entiĂšrement diffĂ©rent de celui de lâobjectif fantĂŽme dĂ©signĂ© par lâapproche A-2 â lĂ rĂ©side le grand intĂ©rĂȘt du concept de la stigmergie » Theraulaz et Bonabeau, 1999. 34Il serait encore moins scientifique de demander aux fourmis de rĂ©soudre cette question anthropocentrique puisque celle-ci a peu de sens, mĂȘme pour des humains Garfinkel, 2002 ! Les ĂȘtres humains devraient eux aussi pouvoir bĂ©nĂ©ficier dâune expĂ©rience diffĂ©rente de la totalitĂ©. Il en va pour les hommes comme pour les fourmis â ou toute autre entitĂ© pour qui, en fonction des profils numĂ©riques disponibles, le principe monadologique peut ĂȘtre appliquĂ©. Aucune de ces entitĂ©s ne tente de rĂ©soudre la question des structures Ă©mergentes, pas plus les fourmis que les autres. Toutes sont activement occupĂ©es Ă quelque chose de totalement diffĂ©rent puisque chaque monade, par dĂ©finition, possĂšde sa propre vision spĂ©cifique du tout ». Ce qui Ă©tait une connexion fictive pour les fourmis lâest aussi pour les humains. 35Naviguer Ă travers les profils distincts implique que nous devons tenir compte dâautant de totalitĂ©s quâil y a dâentitĂ©s, et que nous nâessayons pas de dĂ©finir un lien entre des atomes aveugles et des structures Ă©mergentes. Lâapproche A-1 devrait livrer une expĂ©rience diffĂ©rente des totalitĂ©s, exactement comme elle change la dĂ©finition de ce quâest un agent individuel. DâaprĂšs nous, les techniques numĂ©riques rognent les deux extrĂ©mitĂ©s de ce que les thĂ©ories sociales considĂšrent comme leur ancrage indispensable, en donnant ainsi lâoccasion dâillustrer dâautres visions de lâordre social. Et pourtant, il est difficile de se dĂ©faire de lâimpression que les Ă©lĂ©ments humains sont vraiment diffĂ©rents et devraient ĂȘtre traitĂ©s diffĂ©remment des autres entitĂ©s. Ils sont en effet diffĂ©rents mais pas nĂ©cessairement pour la raison gĂ©nĂ©ralement avancĂ©e par ceux qui veulent appliquer les mĂ©thodes quantitatives des sciences naturelles aux sociĂ©tĂ©s humaines. Les ĂȘtres humains diffĂšrent car ils sont souvent eux-mĂȘmes pourvus de nombreux instruments pour collecter, compiler, reprĂ©senter ou mĂȘme calculer le tout » dans lequel on dit quâils Ă©voluent DesrosiĂšres, 1993. Câest lâaspect essentiel de lâethnomĂ©thodologie Garfinkel, 2007. Câest un principe important des science studies ainsi que lâargument central de la thĂ©orie de lâacteur-rĂ©seau, selon lequel les instruments pratiques qui permettent Ă un acteur de voir la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre » devraient ĂȘtre pris en compte pour toute expĂ©rience de lâordre social Law, 2004 ; Latour, 2006. Ce vaste programme de recherches a Ă©tĂ© adoptĂ© en physique Galison, 2003, biologie Landeker, 2007, comptabilitĂ© Power, 1995, Ă©conomie Callon, 1998, ainsi quâen cartographie Jacob, 1992, gĂ©ographie Glenny et Thrift, 2009 et mĂȘme en sociologie Foucault, 1997. Chaque fois, il est possible de dĂ©montrer que les instruments fournissent une vision Ă la fois vaste et limitĂ©e de lâensemble, que nous avons appelĂ©, pour cette raison, oligoptique par opposition Ă panoptique Latour et Hermant, 1998. Câest lĂ le type de stigmergie » pertinente pour les acteurs humains. 36Lâexistence de ces oligoptiques est typique des sociĂ©tĂ©s humaines et justifie que, lorsquâon rĂ©fĂšre aux associations entre humains, il soit pertinent de parler de totalitĂ©s. NĂ©anmoins, il faut prendre en compte de nombreux types de totalitĂ©s » pour rendre compte de lâĂ©trange obsession des monades humaines pour dĂ©crire leurs propres interactions et pour stabiliser, simplifier et standardiser leurs connexions entrecroisĂ©es voir section 5. Ceci a peu de rapport avec le fait de passer dâun niveau Ă un autre, comme suggĂ©rĂ© par lâapproche A-2. Câest une chose de dire que, contrairement aux agents humains, les fourmis ou oiseaux, cellules, atomes ne bĂ©nĂ©ficient pas de ces technologies intellectuelles » pour construire des ensembles partiels. Câen est une complĂštement diffĂ©rente de prĂ©tendre quâil existe un second niveau, celui dâun tout » qui serait commun Ă la fois aux fourmis et aux hommes. Les deux arguments ne dĂ©coulent pas du tout lâun de lâautre. 37Pour saisir ce qui nâen reste pas moins une vĂ©ritable diffĂ©rence entre les sociĂ©tĂ©s dâhumains et les autres surtout les collectifs ayant un fort dĂ©veloppement scientifique et technique, disons que les monades sont mieux dĂ©finies par une approche que nous appellerons A-1,5. Par cette expression nous voulons dire que a mĂȘme si chaque monade possĂšde sa propre version du tout, il existe une sĂ©rie dâinstruments intellectuels et techniques pour favoriser le chevauchement de diffĂ©rentes dĂ©finitions distinctes de cet ensemble, sans que ces diverses dĂ©finitions parviennent Ă sâagrĂ©ger suffisamment pour crĂ©er un second niveau qui les unifierait toutes et b que cela explique lâimpression quâil y a plus » dans les actions collectives que ce qui existe dans les atomes individuels. Cette expression dâune approche A-1,5 nâest quâun moyen de rappeler au lecteur notre thĂšse gĂ©nĂ©rale les deux extrĂ©mitĂ©s auxquelles tant de thĂ©ories sociales se trouvent accrochĂ©es â lâacteur et le systĂšme â ont perdu une grande partie de leur soliditĂ© avec le principe monadologique qui procure une autre expĂ©rience de la navigation Ă travers les donnĂ©es numĂ©riques. 38La conclusion de cette troisiĂšme section est quâune autre expĂ©rience dâ ĂȘtre Ă lâintĂ©rieur dâun tout » devrait ĂȘtre explorĂ©e, quâelle a peu de rapport avec le fait dâ ĂȘtre la partie » au sein dâune structure », que celle-ci soit pensĂ©e sous la forme dâun super-organisme sui generis ou dâun niveau naviguer Ă travers le chevauchement des monades39AprĂšs avoir recouru aux outils numĂ©riques pour tester les dĂ©finitions alternatives dâatome, interactions et structures proposĂ©s par Tarde, nous sommes mieux Ă©quipĂ©s pour voir si la notion de chevauchement des monades parvient Ă nous reprĂ©senter les donnĂ©es de façon cohĂ©rente. Nous affirmons que la plupart des objections levĂ©es contre les approches A-1 et A-1,5 et particuliĂšrement contre le retour imprĂ©vu de Tarde reposent sur un manque dâoutils efficaces de visualisation. En leur absence, mĂȘme sâil existe une alternative thĂ©orique Ă lâapproche A-2, celle-ci continue Ă sembler la seule solution acceptable. Pour montrer quâil est possible de sâen passer, nous allons recourir Ă lâexemple des paradigmes scientifiques. Leur Ă©tude bĂ©nĂ©ficie aujourdâhui dâun niveau de qualitĂ© et dâune masse dâinformations sans Ă©gal dans dâautres domaines du comportement collectif puisque presque chaque mot Ă©crit par chaque auteur dans chaque publication citĂ©e dans nâimporte quel texte postĂ©rieur est accessible en quelques clics sous forme numĂ©rique Grauwin et al., 2009 ; Grauwin, 2011 ; Grauwin, 2012 ; Cointet, 2009. De plus, cet exemple a Ă©tĂ© au cĆur de nombreuses Ă©tudes de sociologie des sciences Merton, 1973 et constitue lâexemple favori de Tarde⊠On pourrait mĂȘme prĂ©tendre quâavant lâavĂšnement des outils numĂ©riques, la littĂ©rature scientifique Ă©tait le seul domaine dans lequel la quantitĂ© et la qualitĂ© des informations Ă©tait semblable Ă celle qui constitue aujourdâhui la norme pour toutes sortes de profils distincts â une idĂ©e fĂ©conde qui nâa pas Ă©chappĂ© aux fondateurs de Google Brin et Page, 1998. 40Poursuivons notre navigation Ă travers les profils pour rĂ©pondre Ă la question suivante Que signifie faire âpartieâ dâun paradigme P ? » Selon le principe monadologique, le point de dĂ©part a peu dâimportance puisque, en partant de nâimporte quelle entitĂ©, nous finirons par visiter la liste de tous ses attributs saisie Ă partir de son point de vue spĂ©cifique nous pouvons commencer par un scientifique, un papier, un mot clĂ©, une institution ou une mĂ©thode expĂ©rimentale, selon notre envie. Commençons, par le cas de lâ auto-organisation » Ă partir des mots clĂ©s et des citations des articles de ce domaine Grauwin, 2011.Figure 3Mot clĂ© self-organisation » en tant que tout » partielMot clĂ© self-organisation » en tant que tout » partielNote Le mot clĂ© self-organisation » en tant que tout » est le rĂ©sultat de lâintersection dâĂ©lĂ©ments qui sont bien plus riches que le mot clĂ© lui-mĂȘme. Pour obtenir cette figure, nous avons employĂ© la mĂȘme procĂ©dure utilisĂ©e dans la figure 1, mais en nous limitant aux 18 articles publiĂ©s en 1991 et laissons de cĂŽtĂ© les rĂ©fĂ©rences des articles. Pour souligner lâidĂ©e dâ intersection », les attributs des trois monades » articles sont montrĂ©s entourĂ©s dâune les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur problĂšme, Ă prĂ©sent, consiste Ă cartographier autant de touts » quâil y a de parties, câest-Ă -dire de monades. Au lieu de diviser le travail entre des atomes, puis des interactions enfin des structures, nous allons dĂ©finir des intersections de monades Ă chaque fois que les attributs dâune liste se retrouvent dans la liste dâune autre entitĂ© figure 3. Au lieu de suivre la stratĂ©gie de recherches habituelle passer des interactions simples Ă des structures plus complexes », nous allons la prendre Ă contre-pied commencer avec des chevauchements complexes de monades et dĂ©finir les quelques caractĂ©ristiques quâelles partagent ». 42Il est vrai quâen proposant une telle navigation nous nous Ă©loignons du rĂȘve de simulation et de prĂ©diction pour explorer une nouvelle voie, celle de la description oĂč la valeur ajoutĂ©e nâest plus le pouvoir de prĂ©diction, mais le passage progressif des chevauchements confus Ă des mises au point successives dâensembles provisoires. Au lieu dâessayer de simuler et prĂ©dire lâordre social, nous prĂ©fĂ©rons suivre les traces laissĂ©es par le mouvement des acteurs afin de produire une base de donnĂ©es suffisamment riche Grauwin, 2011. En dâautres termes, lâexploration de donnĂ©es nâest pas le rĂ©sultat dâune pratique scientifique similaire Ă la simulation au lieu de se demander comment les structures globales Ă©mergent des interactions locales, nous nous proposons dâillustrer un outil de navigation qui guide lâattention de lâobservateur depuis des chevauchements confus vers les quelques Ă©lĂ©ments qui voyagent dâune monade Ă lâautre, un peu Ă la maniĂšre des normes et des standards dans les systĂšmes techniques Gleenie et Thrift, 2009. 43Avant de se plaindre que tout ceci est trop dĂ©routant, il convient de se rappeler combien il Ă©tait dĂ©routant, au dĂ©but, de devoir dĂ©finir une structure gĂ©nĂ©rale par exemple le paradigme de lâauto-organisation », pour ensuite montrer que la plupart des cas particuliers ne rentrent pas » dans cette structure gĂ©nĂ©rale. Thomas Kuhn, le premier Ă introduire la notion de paradigme, savait bien Ă quel point cette notion Ă©tait branlante, et chaque scientifique sait combien il est difficile de dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment le domaine dans lequel il ou elle travaille. Est-il possible de rendre justice Ă une expĂ©rience aussi commune en passant de la prĂ©diction et la simulation Ă la description et Ă lâexploration de donnĂ©es ? Notre approche suggĂšre une maniĂšre de naviguer Ă travers les paysages des donnĂ©es dâun point de vue monadologique, ce qui permettrait de saisir la richesse des associations tout en restant fidĂšle Ă la complexitĂ© des acteurs. 44Câest lĂ que la question de visualisation devient si cruciale peut-on concevoir un espace dans lequel des monades idiosyncratiques pourraient ĂȘtre projetĂ©es et qui rĂ©vĂ©lerait ceux de leurs attributs qui se superposent sans crainte de perdre leurs spĂ©cificitĂ©s ? Pour Ă©tudier cette possibilitĂ©, nous devons prendre en compte deux pratiques communes en matiĂšre dâexploitation des donnĂ©es. 45La premiĂšre pratique consiste en ce geste souvent inconscient que nous faisons tous en encerclant une liste de caractĂ©ristiques une forme souvent appelĂ©e patate » ! et dĂ©cidons de considĂ©rer tous ces Ă©lĂ©ments comme plus ou moins similaires » et pouvant partager le mĂȘme nom peu importe ici que ce soit fait en observant simplement ces donnĂ©es en gros ou par le biais de calculs de correspondances extrĂȘmement sophistiquĂ©s. Notre but est de pouvoir tracer un tel cercle sans quitter lâapproche A-1 puisque le tout nâest pas la structure Ă laquelle les Ă©lĂ©ments sont censĂ©s appartenir comme dans lâapproche A-2 mais une autre monade tout aussi spĂ©cifique que celles qui la composent » voir la dĂ©finition de Sciences Po » dans la section 1. Le fait de tracer un cercle nâest rien dâautre que la reconnaissance de la limite extĂ©rieure de la monade â dont lâenveloppe, ne lâoublions pas, est dĂ©finie par la liste de tous ses attributs distinctifs â et non pas la dĂ©limitation du rĂŽle » quâelle jouerait » Ă lâintĂ©rieur » de la structure ». On pourrait aussi dire que dans une approche A-1, les limites des monades devraient ĂȘtre dĂ©finies par lâextrĂ©mitĂ© provisoire de lâexpansion de leur contenu, et non par lâajout dâune catĂ©gorie venant dâailleurs. 46La seconde expĂ©rience pratique consiste Ă noter que de nombreux mouvements peuvent dĂ©sormais sâeffectuer Ă lâordinateur quâil nâĂ©tait pas possible de rĂ©aliser sur papier une caractĂ©ristique qui rend la rĂ©daction dâarticles sur le sujet trĂšs dĂ©licate !. La projection de monades qui sâentrecroisent cesse dâĂȘtre aussi confuse sâil est possible de les faire apparaĂźtre successivement et de montrer comment chacune dâelles contribue au chevauchement voir le film qui sây rapporte Comme nous lâavons dit plus haut, câest cette nouvelle capacitĂ© de navigation qui a rendu les deux extrĂ©mitĂ©s usuelles de lâagent individuel » et de la structure » moins pertinentes que la superposition dâacteurs-rĂ©seaux explorĂ©s en succession voir figure 3. 47Si nous prenons en compte lâexpĂ©rience de la navigation numĂ©rique, quâadvient-il de la notion de tout » ? Lorsque nous surfons sur un Ă©cran, zoomant en avant ou en arriĂšre, changeant les rĂšgles de projection, compilant et ventilant selon diffĂ©rentes variables, ce qui ressort est ce qui reste constant au travers des changements de perspectives Gibson, 1986. Câest lĂ notre ensemble » au sens de lâapproche A-1. Comme on sây attendait, sa taille sâest considĂ©rablement rĂ©duite ! Au lieu dâĂȘtre une structure plus complexe que ses composants distincts, elle est devenue un ensemble plus simple dâattributs dont la composition interne est en perpĂ©tuel changement. Le tout est dĂ©sormais beaucoup plus petit que la somme de ses Ă©lĂ©ments. Faire partie dâun ensemble nâest plus pĂ©nĂ©trer » Ă lâintĂ©rieur dâune entitĂ© supĂ©rieure ni obĂ©ir » Ă un mĂ©ta-rĂ©partiteur que ce rĂ©partiteur soit une personne morale, une sociĂ©tĂ© sui generis, ou une structure Ă©mergente. Pour quelque monade que ce soit, câest partager une part dâelle-mĂȘme avec dâautres monades sans quâaucune dâelles nây perde son identitĂ© multiple. 48En rĂ©sumĂ©, nous nous trouvons face Ă deux idĂ©es contradictoires de ce quâest lâanalyse de phĂ©nomĂšnes collectifs complexes. Dans lâapproche A-2, il est possible de construire un modĂšle Ă condition de commencer par de simples atomes qui interagissent selon des rĂšgles simples, et de tester si une structure stable apparaĂźt au final. Dans lâapproche A-1, on commence, au contraire, par des acteurs-rĂ©seaux extrĂȘmement complexes qui nâ interagissent » pas vraiment, mais qui se superposent plutĂŽt lâun lâautre. Ensuite, on extrait de ces superpositions les attributs que certains partagent. Si les techniques de navigation que nous proposons fonctionnent â et câest un trĂšs grand si » â nous serons parvenus Ă cartographier un phĂ©nomĂšne collectif sans jamais tenir compte ni des composants individuels ni de la structure. Dans ce cas-lĂ , nous aurons justifiĂ© le concept que Tarde ne pouvait dĂ©montrer du fait de lâabsence de donnĂ©es numĂ©riques disponiblesâŠApprendre Ă visualiser des totalitĂ©s partielles »49Que signifie suivre un phĂ©nomĂšne collectif dans une procĂ©dure de navigation conforme Ă lâapproche A-1 ? Quand un observateur transforme rapidement un point sur lequel il clique en une monade pleinement dĂ©finie par la liste de ses attributs, il a dĂ©jĂ Ă faire avec un phĂ©nomĂšne collectif mais pas au sens que le mot collectif possĂšde dans lâapproche A-2. Lâobservateur en effet collecte des articles successifs et les encercle dans ce qui est devenu le nom propre dâune monade spĂ©cifique. Dans ce cas, il a bien Ă faire avec un collectif de type A-1, ou mieux, Ă une activitĂ© de collecte cette activitĂ©, câest cette monade qui regroupe, assemble, spĂ©cifie, saisie, englobe, enveloppe ces attributs dâune façon unique. 50Donc, alors que dans lâapproche A-2, certains Ă©lĂ©ments sont destinĂ©s Ă jouer le rĂŽle de parties » tandis que dâautres sont appelĂ©s des touts », dans lâapproche A-1, nous ne tenons compte dâaucune diffĂ©rence de dimension entre les entitĂ©s. Dans lâexemple ci-dessus, on peut suivre nâimporte quel fil comme point de dĂ©part pour dĂ©finir un paradigme un chercheur, un papier, une universitĂ©, un concept ou un mot clĂ©. Chacun dâeux est autant une partie » quâun tout », câest-Ă -dire une monade ou un acteur-rĂ©seau. En dâautres termes, chaque entitĂ© peut avoir son propre curriculum vitae, ou sa propre trajectoire au travers des attributs successifs. 51Le fait que, dans une approche A-1 toutes les entitĂ©s ont le mĂȘme statut ne signifie pas quâelles soient identiques. Il est frĂ©quent, lorsquâon surfe Ă travers des fichiers de donnĂ©es, de rencontrer plus souvent certaines entitĂ©s que dâautres. Par exemple, dans la section 1, nous avons dit que Sciences Po » entrait dans le profil ou le curriculum vitae dâ HervĂ© C. ». Selon nos donnĂ©es, cependant, nous voyons que cet attribut apparaĂźt aussi dans les profils de Dominique B. » et Pierre-AndrĂ© R. », etc. Nous savons que cette rĂ©pĂ©tition ne signifie pas que câest une structure » dont ces trois chercheurs seraient simplement membres, mĂȘme sâil est tentant de raccourcir cette liste en Ă©nonçant les faits de cette maniĂšre, et donc en retombant dans lâapproche A-2. Ce que nous voulons, câest demeurer tout au long dans les approches A-1 ou A-1,5. 52Pour comprendre pourquoi nous devons rĂ©sister Ă la tentation de raccourcir les sĂ©ries de rĂ©pĂ©titions en les traitant comme des structures Ă©mergentes, il faut considĂ©rer que chaque fois que Sciences-Po » apparaĂźt dans le profil dâune autre monade, il est rĂ©pĂ©tĂ© avec des variations. Comme nous lâavons dit dans la section 1, chaque fois quâune entitĂ© est associĂ©e Ă une nouvelle monade, lâentitĂ© se distingue par le biais des associations prĂ©cĂ©dentes regroupĂ©es par cette monade. Le Sciences Po » dâ HervĂ© C. » est autant modifiĂ©e par le fait dâĂȘtre le Sciences Po t » de Dominique B. ». Par consĂ©quent, nous avons Ă prĂ©sent un nouveau fichier composĂ© de la rĂ©pĂ©tition des mĂȘmes caractĂ©ristiques plus les variations quâelles ont subies dans chacune des monades qui le composent. Un tel fichier est ce que les spĂ©cialistes des sciences sociales appellent une institution », une organisation », ou, plus simplement, un groupe ». 53Ce nouveau point doit ĂȘtre abordĂ© avec de grandes prĂ©cautions car, dans lâapproche A-2, il a Ă©tĂ© confondu avec celui de la structure considĂ©rĂ© comme une entitĂ© dâun niveau supĂ©rieur, apparue mystĂ©rieusement suite Ă des interactions au niveau infĂ©rieur. Ămergeant Ă un autre niveau, les structures sont dites indĂ©pendantes des interactions qui les ont créées et pourtant capables de leur envoyer des ordres, de dĂ©finir des fonctions, dâattribuer des rĂŽles aux Ă©lĂ©ments » Ă la maniĂšre dâun mĂ©ta-rĂ©partiteur. Câest cette confusion qui a créé lâidĂ©e dâune personne morale » dont les humains ne seraient que de simples membres » provisoires. Plus dâun discours Ă©mouvant a Ă©tĂ© prononcĂ© par des responsables sur le contraste entre, par exemple, la structure durable » de lâuniversitĂ© et le rapide renouvellement de ses occupants Ă©phĂ©mĂšres et passagers â une approche A-2 par excellence⊠54Dans lâapproche A-1, les institutions ne ressemblent en rien aux structures, elles sont juste une certaine trajectoire Ă travers les donnĂ©es, trajectoire qui dĂ©bute Ă un point dâentrĂ©e diffĂ©rent de la base de donnĂ©es au lieu de demander quelles institutions apparaissent dans le profil dâun individu donnĂ©, nous demandons quels individus apparaissent dans le profil dâune institution. Câest la mĂȘme matrice mais pas la mĂȘme navigation les totalitĂ©s » ne sont rien de plus que dâautres moyens de traiter les profils entrecroisĂ©s. Câest ce type de navigation auquel Tarde a donnĂ© le nom ambigu dâ imitation » et ce type de dissĂ©mination quâil a appelĂ© rayons imitatifs » Tarde, 1903 ; Sperber, 1996. Si nous avons raison, lâ imitation » pour lui nâest pas avant tout un phĂ©nomĂšne psychologique, mais la prise de conscience que les monades partagent des caractĂ©ristiques modifiĂ©es par chaque partage, et dont le rĂ©sultat est une liste composĂ©e du mĂȘme » Ă©lĂ©ment rĂ©pĂ©tĂ© diffĂ©remment Deleuze, 1968. 55Il nây a donc pas de distinction notable, rĂ©elle, ontologique entre les concepts dâindividus, de groupes ou dâinstitutions. La seule diffĂ©rence dans ce que nous appelons institutions est la monade qui revient le plus souvent dans la base de donnĂ©es â et sa dĂ©tection est empirique dĂ©pendant entiĂšrement de la qualitĂ© de la base de donnĂ©es. Dans lâexemple que nous avons utilisĂ© au dĂ©but de ce papier, la seule chose qui distingue Sciences Po » dâ HervĂ© C. » est le fait que la premiĂšre pourrait apparaĂźtre plus frĂ©quemment que le second⊠Si dans le fichier de donnĂ©es, un Ă©lĂ©ment est citĂ© plus souvent, alors câest une organisation, câest-Ă -dire ce qui est distribuĂ© au travers dâune multiplicitĂ© de monades sans ĂȘtre elle-mĂȘme plus complexe quâaucune dâelles â un peu Ă la maniĂšre dâune norme ou dâun standard. Si HervĂ© C. Ă©tait citĂ© plus souvent que son Ă©cole, il serait cette institution⊠56Si cette diffĂ©rence purement quantitative paraĂźt trop radicale, câest que nous tirons la trĂšs simple consĂ©quence que tous les termes comme organisations » ou participants » comme tous les autres termes que nous avons utilisĂ©s dans ce papier â Ă©lĂ©ments », ensembles », individus », structure », membres », monades » â ne sont que des moyens de naviguer dans les donnĂ©es. Distinguer, collecter, regrouper, et coordonner sont autant de pistes laissĂ©es par les moteurs de recherche Ă travers les profils constituĂ©s dâattributs rĂ©sumĂ©s par des noms servant de raccourcis. Comme Tarde lâa si remarquablement dĂ©crit, tous ces termes canoniques de la thĂ©orie sociale Ă©tant simplement lâenregistrement de diffĂ©rences quantitatives dans lâĂ©tendue relative des attributs Tarde, 1903 ; Latour, 2010. 57Cette dĂ©finition de ce que câest quâun groupe ou une association pourrait rĂ©soudre un problĂšme Ă©pineux qui a grandement empĂȘchĂ© que lâon se concentre sur le principal phĂ©nomĂšne du social â et pourrait aussi aider Ă visualiser lâapproche A-1. Les thĂ©ories venues de lâapproche A-2 reposent souvent sur lâidĂ©e contradictoire que le niveau macro est composĂ© dâentitĂ©s virtuelles mais stables tandis que le niveau micro est composĂ© dâentitĂ©s rĂ©elles mais transitoires. Paradoxalement, on considĂšre que le plus durable existe virtuellement, tandis que ce qui existe vraiment » semble temporaire⊠Ce type de dĂ©finition Ă©trange explique le mystĂšre entourant les phĂ©nomĂšnes collectifs, quâil sâagisse des cellules dâun corps Riboli-Sasco, 2010, des fourmis dâune fourmiliĂšre ou dâacteurs dâune sociĂ©tĂ© Karsenti, 2006. 58Dans lâapproche A-1, au contraire, il nây a aucune ambiguĂŻtĂ© concernant le fait que les profils qui durent sont composĂ©s dâattributs qui ne durent pas Debaise, 2008. Si ce processus paraĂźt mystĂ©rieux, câest seulement parce que nous nous trompons sur la diffĂ©rence quâil sâagit expliquer nous croyons quâil sâagit dâexpliquer celle entre le virtuel et le rĂ©el, le macro et le micro, le gĂ©nĂ©ral et le particulier, alors quâil faut dĂ©tecter la diffĂ©rence entre ce qui est transmis dâune monade Ă lâautre, dâune part, et, dâautre part, la lĂ©gĂšre transformation subie par ce qui est transmis. Si Sciences Po » perdure, ce nâest pas parce quâelle est supĂ©rieure ni mĂȘme diffĂ©rente des monades qui la composent. Câest parce quâelle est rĂ©pĂ©tĂ©e avec des variations dâune monade Ă lâautre suffisamment rĂ©pĂ©tĂ©e pour ĂȘtre identifiĂ©e comme Ă©tant la mĂȘme ; suffisamment variĂ©e pour ĂȘtre transposĂ©e plus loin dans le temps et lâespace. Loin dâexister Ă un niveau supĂ©rieur et virtuel, ce que nous appelons institutions », organisations » ou groupes » nâest que lâeffort des monades pour rendre certaines de leurs caractĂ©ristiques suffisamment flexibles pour ĂȘtre traduites par de nombreuses autres monades, et en mĂȘme temps sâavĂ©rer suffisamment stables pour ĂȘtre reconnues comme leurs transformations figure 4 a et b. Le travail nĂ©cessaire pour dĂ©finir les frontiĂšres dâune entitĂ© et lui assigner un nom propre fait partie de cet effort, de mĂȘme que le travail de prĂ©servation de la continuitĂ© de ces noms et de ces 4 a et bĂvolution progressive du tout » dĂ©fini par le mot clĂ© self-organisation » de 1990 Ă 2009Ăvolution progressive du tout » dĂ©fini par le mot clĂ© self-organisation » de 1990 Ă 2009Note a Pour chaque tranche de cinq ans, nous avons choisi les dix auteurs les plus productifs et les dix rĂ©fĂ©rences et mots clĂ©s les plus utilisĂ©s. Les auteurs, mots clĂ©s ou rĂ©fĂ©rences sont reliĂ©s Ă la tranche de cinq ans dans laquelle ils apparaissent. La figure montre que, bien que la plupart des entitĂ©s auteurs, mots clĂ©s ou rĂ©fĂ©rences changent avec le temps, chaque tranche hĂ©rite quelque chose de son prĂ©dĂ©cesseur. Par exemple, dans les annĂ©es 1990, les scientifiques connectaient leur dĂ©finition dâauto-assemblage Ă travers les neural networks », tandis que dans les annĂ©es 2000, growth » et nanostructures » deviennent un lien plus opĂ©ration est totalement rĂ©versible, comme montrĂ© dans la figure 4 b qui prend lâexemple de lâauteur J. M. Lehn un prix Nobel en chimie. En procĂ©dant exactement de la mĂȘme maniĂšre que dans la figure 4 a, nous montrons que, tandis que J. M. Lehn reste liĂ© au fil des annĂ©es Ă Supramolecular Chemistry » et Complexes », ses collaborateurs ont changĂ©. Il en va de mĂȘme pour ses principaux centres dâintĂ©rĂȘts, passant de Double Helix » et Ligands » dans les annĂ©es 1990 Ă self-assembly » dans les annĂ©es deux figures montrent aussi que la flĂšche du temps nâest pas forcĂ©ment linĂ©aire ce qui se traduirait dans une suite linĂ©aire des cercles rouges, mais plutĂŽt circulaire, car plusieurs Ă©lĂ©ments reviennent au fil des ans, produisant une attraction entre la premiĂšre tranche de cinq ans et la les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur fois de plus, nous devons comprendre quâencercler un ensemble de caractĂ©ristiques ne signifie pas quâune structure prend le dessus, mais simplement que la limite de la monade a Ă©tĂ© atteinte et soulignĂ©e. Ă lâintĂ©rieur de ce cercle, tout pourrait changer avec le temps par exemple, le domaine de lâ auto-organisation » Ă lâinstant zĂ©ro peut ĂȘtre constituĂ© de mots clĂ©s, dâauteurs et des concepts A, B, C, puis, aprĂšs quelques rĂ©pliques, il pourrait se transformer pour inclure X, Y, et Z. Chaque article composant les profils successifs dâ auto-organisation » pourrait changer, de mĂȘme que le nom ce que nous appelons aujourdâhui auto-organisation » Ă©tait quelque chose dâentiĂšrement diffĂ©rent il y a quelques dĂ©cennies. Ce qui compte, câest que le changement soit suffisamment progressif pour prĂ©server la continuitĂ©. Tout peut changer, mais pas dâun seul coup. Nous ne devons pas avoir Ă dire et pourtant, câest le mĂȘme paradigme de lâauto-organisation » comme si, par ces changements, quelque chose, la structure, Ă©tait restĂ© identique mĂȘme virtuellement. Nous devrions dire regardez, au contraire, comme il est diffĂ©rent ; mais grĂące Ă la maniĂšre dont les participants ont imbriquĂ© leurs dĂ©finitions, chaque modification a hĂ©ritĂ© quelque chose de son prĂ©dĂ©cesseur au travers dâun canal qui peut ĂȘtre dĂ©fini en cliquant sur le profil de ce participant ». Encore une fois, une navigation diffĂ©rente gĂ©nĂšre une dĂ©finition diffĂ©rente de ce qui est collectif, câest-Ă -dire une entitĂ© collectĂ©e. Au sens strict du terme, nous ne devrions plus parler de phĂ©nomĂšnes collectifs par opposition Ă des phĂ©nomĂšnes individuels, mais seulement dâautant de façons diffĂ©rentes de collecter des cet article, nous avons saisi lâoccasion offerte par la soudaine prolifĂ©ration de bases de donnĂ©es numĂ©riques pour revisiter lâancienne thĂ©orie sociale proposĂ©e par Gabriel Tarde, avant que soient disponibles un grand nombre dâoutils statistiques et avant le retranchement de bien des thĂ©ories sociales dans lâapproche A-2. Câest parce que ces bases de donnĂ©es rĂ©pandent lâexpĂ©rience de dĂ©finir un acteur susceptible par le rĂ©seau de ses attributs quâil existe une chance dâĂ©chapper Ă la distinction individu/structure. Les monades dissolvent le dilemme, et redĂ©finissent la notion de totalitĂ© en la resituant comme Ă©tant lâhĂ©ritage rĂ©ciproque des entitĂ©s qui sâentrecroisent. 61Nous sommes bien conscients que ces bases de donnĂ©es sont pleines de dĂ©fauts, quâelles incarnent elles-mĂȘmes une dĂ©finition plutĂŽt grossiĂšre de la sociĂ©tĂ©, quâelles sont marquĂ©es par de fortes asymĂ©tries de pouvoir, et surtout, quâelles ne caractĂ©risent quâun instant Ă©phĂ©mĂšre dans la traçabilitĂ© des liens sociaux. Nous sommes aussi douloureusement conscients des contraintes sĂ©vĂšres de lâanalyse des rĂ©seaux et des limites des outils de visualisation disponibles aujourdâhui. Mais il serait dommage de manquer cette occasion dâexplorer une alternative aussi fondamentale qui pourrait ainsi attirer les sciences sociales sur le terrain empirique et quantitatif, sans renoncer pour autant Ă se focaliser sur les particularitĂ©s. Notes [1] Cet article est une traduction modifiĂ©e de How Digital Navigation May Modify Social Theory » avec Pablo Jensen, Tommaso Venturini, Sebastian Grauwin et Dominique Boullier, British Journal of Sociology, 63, 4, 2012, pp. 591-615.
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Il nâexiste aucune entreprise gĂ©nĂ©rale de la construction en Ă©conomie sociale. Pas une seule. Pourtant, de nombreuses entreprises dâĂ©conomie sociale sont actives dans le domaine de la construction. Chacune Ă son ou ses activitĂ©s principales. Chacune son domaine. Pour mener un chantier, avoir un seul interlocuteur pour gĂ©rer et mener tous les corps de mĂ©tiers, toutes les compĂ©tences, câest plus facile. Sans cette dimension globale, on perd en force de frappe. En capacitĂ© de rĂ©pondre Ă une des prĂ©occupations des clients rĂ©duire les tracasseries et augmenter lâefficacitĂ©. Si des entreprises de lâES veulent rĂ©pondre Ă une demande complĂšte, elles doivent sâassocier en amont. Puis seulement rĂ©pondre Ă la demande. Câest compliquĂ©. Ăa prend du temps. âą Du temps qui nâest pas rĂ©munĂ©rĂ©. âą Du temps investi sans garantie de rĂ©sultats. âą Du temps sans perspective. SAW-B a essayĂ© Ă plusieurs reprises de mettre en place des collaborations entre les entreprises. Parfois, ça marche. Pour des chantiers Renowat, des entreprises classiques et des entreprises de lâĂ©conomie sociale se sont associĂ©es pour rĂ©pondre Ă des marchĂ©s de service. Avec de beaux succĂšs. Parfois, ça ne marche pas. Câest lĂ quâAlain Klinkenberg des Ateliers du Monceau est venu trouver nos collĂšgues Laurent et François. La question de dĂ©part, comme pour toute entreprise comment rĂ©pondre aux besoins des clients, du marchĂ© ? Alain a proposĂ© quelque chose de simple. DâinĂ©dit dans lâĂ©conomie sociale. CrĂ©ons une entreprise gĂ©nĂ©rale de la construction. Super idĂ©e ! Toujours prĂȘt Ă se lancer dans les challenges, nous avons sautĂ© sur lâoccasion. A une seule condition, non nĂ©gociable et non nĂ©gociĂ©e. Cette entreprise doit ĂȘtre vectrice de coopĂ©ration et de collaboration entre acteurs de lâĂ©conomie sociale. Cette entreprise doit ĂȘtre un plus et pas ĂȘtre un concurrent. Laurent et François activent leur rĂ©seau et rassemblent en octobre 2020 des entrepreneurs sociaux du secteur de la construction. Pour partir sur des bases les plus saines possibles, Alain prĂ©sente les forces et les faiblesses dâun prĂ©cĂ©dent projet menĂ© avec des ETA. Le COVID vient perturber les plannings. A la rentrĂ©e 2021, nouvelle rĂ©union. Une quinzaine dâentreprises sont prĂȘtes Ă se lancer. SAW-B, comme fĂ©dĂ©ration, et comme facilitatrice clauses sociales, est gestionnaire du projet. Tout le monde sâactive et le groupe dĂ©cide de se lancer concrĂštement. Objectif travailler sur un premier chantier. Un architecte est prĂȘt. Il fait confiance aux entreprises. Lâenjeu est Ă©levĂ© mais câest aussi cela qui anime les entreprises dâĂ©conomie sociale. ParallĂšlement, SAW-B sollicite la RĂ©gion wallonne pour donner un coup de main. Elle rĂ©pond positivement et dĂ©bloque des fonds pour rendre le projet concret. Tout le monde est sur la ligne de dĂ©part. La concrĂ©tisation est en marche. Quelles chances de rĂ©ussite ou dâĂ©chec ? Vous ĂȘtes curieux de savoir comment ce premier chantier va se passer ? Vous ĂȘtes curieux de voir si les acteurs vont rĂ©ussir Ă dĂ©velopper une entreprise gĂ©nĂ©rale de la construction en Ă©conomie sociale ? Abonnez-vous Ă notre newsletter et retrouvez notre feuilleton rĂ©guliĂšrement ! Joanne Clotuche â ]
LeTout est plus que la somme de ses parties. mensuel 426. daté janvier 2009 -. Biologiste et mathématicien, Jacques Ricard propose dans cet ouvrage une approche de la complexité et de l'émergence en biologie. Il s'attaque aux limites du réductionnisme de la biologie moléculaire et engage à considérer les processus biologiques comme des
MalgrĂ© lâimmense Ă©cart en termes de PIB par habitant, lâampleur des disparitĂ©s rĂ©gionales observĂ©es en Inde nâest pas trĂšs diffĂ©rente de celles observĂ©es dans lâUnion [europĂ©enne depuis les Ă©largissements de 2004 et de 2007 qui ont creusĂ© les diffĂ©rences socioĂ©conomiques]. La rĂ©gion affichant le PIB le plus Ă©levĂ© par habitant en Inde a un niveau sept fois supĂ©rieur Ă celui des rĂ©gions oĂč il est le plus faible, contre un rapport de huit au sein de lâUnion europĂ©enne. Les Ă©carts entre les taux de croissance rĂ©gionaux du PIB en Inde Ă©taient trĂšs proches, entre 2000 et 2004, de ceux relevĂ©s dans lâUnion europĂ©enne avec une variation de 1 Ă 13% [1]. » Une indispensable redistribution⊠En dĂ©pit de ces disparitĂ©s, un certain nombre de mĂ©canismes, liĂ©s Ă la rĂ©partition des compĂ©tences ou aux transferts, maintiennent tant bien que mal un minimum de cohĂ©sion dans le sous-continent. Dans la rĂ©partition des compĂ©tences entre le gouvernement central et les vingt-huit Ătats et les sept territoires autonomes, la politique macroĂ©conomique est gĂ©rĂ©e par le premier tandis que les Ătats sont responsables de la santĂ© publique, la santĂ©, lâĂ©ducation, lâindustrie, lâagriculture, la pĂȘche, le droit foncier. Les gouvernements locaux exercent Ă©galement certaines compĂ©tences parfois conjointement avec ces derniers pour certains pans de lâĂ©ducation, le logement, lâutilisation du territoire, la distribution dâĂ©lectricité⊠La Constitution autorise aussi bien lâĂtat central que les Ă©tats Ă lever des taxes. Le gouvernement central effectue des transferts en direction de ces derniers pour les aider Ă accomplir leur mission. Les Ătats et les territoires autonomes reçoivent en comparaison avec les Ătats fĂ©dĂ©raux de lâOCDE une part beaucoup plus grande des recettes fiscales totales 67% contre 27% pour la Belgique, 35% pour les Ătats-Unis et 51% pour la Suisse. Cela sâexplique en partie par le fait que les entreprises gĂ©rĂ©es par les Ătats gĂ©nĂšrent davantage de pertes alors que les entreprises dĂ©tenues par le Centre sont plus performantes. Il ne faut pas dĂ©duire de ces chiffres que les Ătats disposent dâune large marge de manĆuvre car cette manne est rĂ©servĂ©e en grande partie au financement de dĂ©penses telles que la sĂ©curitĂ© sociale assurĂ©e dans les autres pays par lâĂtat central. Les enveloppes transfĂ©rĂ©es par le Centre sont dĂ©terminĂ©es par une savante combinaison de plusieurs critĂšres censĂ©s Ă la fois garantir un caractĂšre redistributif vers les Ătats les plus pauvres et Ă©viter de rĂ©compenser ceux qui Ă©chouent soit Ă gĂ©nĂ©rer des revenus fiscaux, soit Ă mettre en Ćuvre des politiques de planification familiale. Si ces formules rĂ©duisent de moitiĂ© lâinĂ©galitĂ© dans la rĂ©partition des recettes fiscales, celle-ci reste deux fois plus importante que celle que lâon observe dans les pays de lâOCDE. RĂ©duire encore les disparitĂ©s relĂšve du casse-tĂȘte car pour atteindre le degrĂ© dâinĂ©galitĂ© du Canada, par exemple, le Centre devrait rediriger la moitiĂ© des fonds dont il dispose aprĂšs les transferts, ce qui nâinciterait pas les bĂ©nĂ©ficiaires Ă fournir des efforts et mĂ©contenterait davantage les contributeurs⊠Par ailleurs, cette fausse solution miracle ne rĂ©glerait pas des problĂšmes endĂ©miques qui ont longtemps â et câest encore parfois le cas aujourdâhui â minĂ© lâefficacitĂ© de la politique de redistribution le taux dâintĂ©rĂȘt rĂ©dhibitoire imposĂ© aux bĂ©nĂ©ficiaires des prĂȘts, lâimpossibilitĂ© pour les Ătats dâemprunter de lâargent sur les marchĂ©s Ă des taux moins Ă©levĂ©s que ceux chargĂ©s par le gouvernement central et un taux dâutilisation de cette manne sous-optimale en raison de lâincompĂ©tence de lâadministration locale, de la corruption ou dâun manque de projets convaincants [2]. Finalement, la situation des finances publiques finit de relĂ©guer ce scĂ©nario au rang de pure utopie la crise a eu pour effet de porter le dĂ©ficit public au-delĂ des 6% du PIB, soit le double du plafond que sâest fixĂ© le gouvernement de Manmohan Singh. ⊠mise sous tension par les Ă©volutions sociodĂ©mographiques Partant des taux de fertilitĂ© actuels observĂ©s dans les diffĂ©rents Ătats, on sâattend Ă ce que la population indienne augmente de 620 millions dâĂąmes dâici Ă 2051. 60% seront dans le Madhya Pradesh, le Rajasthan, le Karnataka, le Mayarashtra, lâUttar Pradesh et le Bihar. Avec des Ătats aussi peuplĂ©s, mais aussi pauvres que ces deux derniers qui jouissent toutefois dâune grande influence politique en raison de leur taille, les demandes de transferts redistributifs seront exacerbĂ©es, ce qui ne sera pas sans crĂ©er des tensions avec les Ătats plus prospĂšres [3]. Lâobservation des disparitĂ©s en matiĂšre de dynamique Ă©conomique et dĂ©mographique en ce dĂ©but de millĂ©naire confirme cette crainte. En effet, un certain nombre dâĂtats trĂšs peuplĂ©s ont connu une faible croissance du PIB qui a plombĂ© la moyenne indienne tandis que dâautres ont au contraire fait office de moteur. Les premiers, qui constituent en quelque sorte un frein, reprĂ©sentaient 37% de la population indienne et les seconds 32%. Entre eux, se situent les Ătats dans une position intermĂ©diaire. Le graphique positionne les vingt-deux principaux Ătats pour lesquels la Central Statistical Organisation prĂ©sente des donnĂ©es complĂštes par rapport Ă la moyenne indienne et en fonction de ces deux dimensions. Chaque bulle reprĂ©sente un Ătat et son diamĂštre varie en fonction de la taille de sa population. Les Ătats situĂ©s dans le quadrant supĂ©rieur gauche sont ceux qui tirent vers le bas le dĂ©veloppement indien et constituent une menace pour sa cohĂ©sion sociale et territoriale. Ă lâinverse, ceux qui se trouvent dans le quadrant infĂ©rieur droit sont ceux dont la productivitĂ© et le revenu par tĂȘte progressent le plus rapidement [4]. DisparitĂ© Ă©co-dĂ©mographique en Inde, 2001-2006 Tout lâenjeu des prochaines dĂ©cennies pour le gouvernement central consistera Ă travailler avec les autoritĂ©s rĂ©gionales pour accĂ©lĂ©rer leur dĂ©collage et Ă©viter que le sous-continent ne plonge dans un dĂ©sĂ©quilibre qui lâenliserait dans les difficultĂ©s dâordre politique, Ă©conomique et social. ⊠et une capture des fruits de la croissance [5] Le pouvoir dâachat indien Ă©quivaut Ă un huitiĂšme de celui dâun EuropĂ©en. Les Roumains et les Bulgares qui sont les EuropĂ©ens les plus pauvres sont deux fois plus riches que les Indiens. GrĂące Ă son dĂ©collage rĂ©cent, lâInde donne lâimpression de rattraper progressivement son retard », mais la rĂ©alitĂ© est plus complexe, voire en contradiction avec ce sentiment. Depuis lâouverture du pays par Deng Xiaoping en 1978, la Chine a sorti 400 millions de gens de la pauvretĂ© et le revenu par tĂȘte y a Ă©tĂ© multipliĂ© par sept. De son cĂŽtĂ©, depuis la libĂ©ralisation lancĂ©e en 1993, lâInde ne rĂ©colte pas le mĂȘme succĂšs. Les inĂ©galitĂ©s salariales explosent. Les importants gains de productivitĂ© ne se sont pas traduits dans une progression des salaires rĂ©els de mĂȘme ampleur â loin de lĂ ! â et la croissance a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de jobless », non gĂ©nĂ©ratrice dâemplois. Lâemploi dans le secteur organisĂ© a dĂ©cĂ©lĂ©rĂ©, voire dĂ©clinĂ©, tandis que la production Ă©tait multipliĂ©e par trois entre 1993 et 2008 en roupies et prix constants. Lâemploi sâest concentrĂ© surtout dans le secteur urbain inorganisĂ© sous lâeffet notamment de lâexode rural. Ce mouvement reflĂšte une prĂ©carisation croissante 35% des pauvres ont un emploi et, partant, un rapport de force de plus en plus dĂ©favorable aux travailleurs. En matiĂšre de sĂ©curitĂ© de lâemploi, la dualisation est de mise entre les centres urbains et les zones rurales dans lesquelles 75% de la main-dâĆuvre sont concentrĂ©s 40% des travailleurs occupent un emploi rĂ©gulier en ville contre seulement 7% Ă la campagne. Les travailleurs des villes » sont 15% Ă ĂȘtre couverts par un contrat de court terme, mais 35% des travailleurs des champs » le sont Ă©galement. Finalement, ils sont respectivement 45% dâindĂ©pendants au sens large et 60%. Ă prix constants, les salaires ont certes augmentĂ© depuis le dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt, mais la tendance sâest inversĂ©e pour les travailleurs rĂ©guliers depuis la fin de la derniĂšre dĂ©cennie. Quant aux salaires ruraux des travailleurs prĂ©caires, ils ont progressĂ© plus lentement depuis la fin du dernier millĂ©naire dans dix des quinze plus grands Ătats. Dans le Pendjab, la progression a mĂȘme Ă©tĂ© de plus en plus nĂ©gative. Les salaires sont les plus Ă©levĂ©s dans les entreprises publiques mines, Ă©nergie, eau et⊠â de quoi faire rĂȘver dans nos contrĂ©es â santĂ© et Ă©ducation. Le salaire quotidien des travailleurs occasionnels nâatteint que la moitiĂ© de celui perçu par les travailleurs rĂ©guliers sauf dans le commerce, les hĂŽtels, restaurants et cafĂ©s et certains secteurs manufacturiers â alimentation, textileâ, mais cela se justifie par le dĂ©jĂ trĂšs faible niveau des salaires dans ces secteurs. Ces diffĂ©rences criantes sâexpliquent en bonne partie par le niveau dâĂ©ducation. Ainsi, un universitaire touche cinq Ă sept fois plus quâun peu qualifiĂ©. LâĂ©ducation ne paie quâĂ partir du secondaire. Mais, quel que soit le niveau dâĂ©ducation, les travailleurs des villes gagnent davantage que les travailleurs des champs. Et dans le chef des employeurs, ce facteur Ă©ducatif joue beaucoup moins pour leurs travailleurs ponctuels. LâInde nâĂ©chappe pas Ă la discrimination sociale dans la mesure oĂč les castes ne sont pas rĂ©munĂ©rĂ©es de maniĂšre Ă©galitaire. Le double dualisme â travailleurs urbains, travailleurs ruraux ; emplois permanents, emplois prĂ©caires â se retrouve de maniĂšre accentuĂ©e dans les Ătats les plus pauvres oĂč, par ailleurs, le taux salarial est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur Ă celui des Ătats plus dĂ©veloppĂ©s. Le fait que la population y soit moins qualifiĂ©e et Ă©duquĂ©e et la segmentation sur le marchĂ© du travail plus prononcĂ©e ne sont sans doute pas Ă©trangers Ă cela. Le salaire moyen des travailleurs prĂ©caires dans les zones rurales nâatteint ainsi pas 20% du salaire moyen des travailleurs permanents des villes. Le pourcentage pour toute lâInde est de 25% et le Kerala fait figure de Danemark » indien avec un taux de 63%. Ătrange paradoxe, le salaire urbain des travailleurs permanents est plus Ă©levĂ© dans les Ătats pauvres. Au coude Ă coude avec les autres Ă©mergents Câest en 2003 que Jim OâNeill, un Ă©conomiste de la banque dâaffaires Goldman Sachs, se fit connaĂźtre en forgeant un concept qui allait marquer le reste de la dĂ©cennie les BRIC. Il sâagit en rĂ©alitĂ© de lâacronyme du nom des quatre puissances réémergentes le BrĂ©sil, la Russie, lâInde et la Chine. Ă eux quatre, ils concentrent 40% de la population et 25% du PIB mondiaux. Partant de projections Ă long terme, Jim OâNeill Ă©tablissait que, dâici 2050, la hiĂ©rarchie des grandes puissances serait Ă ce point bouleversĂ©e quâĂ lâexception des Ătats-Unis et du Japon, les autres pays industrialisĂ©s qui font partie de lâUnion europĂ©enne seraient Ă©jectĂ©s hors du top-6 par les fameux BRIC. Le PIB chinois dĂ©passerait mĂȘme le PIB cumulĂ© des trois poids lourds europĂ©ens qui reprĂ©sentent 70% de la zone euro Ă la fin de la prochaine dĂ©cennie et lâInde lâimiterait vers 2030-2035. De quoi Ă©branler fortement les EuropĂ©ens qui se pensent inĂ©vitables dans les grands dossiers mondiaux ou leur donner un coup de fouet. Notons au passage quâil faudrait au moins attendre la seconde moitiĂ© du siĂšcle avant que ne sâamorce un dĂ©but de convergence du pouvoir dâachat⊠Pourtant, les BRIC prĂ©sentent des diffĂ©rences Ă©conomiques structurelles telles quâil est impossible de considĂ©rer ces pays comme un bloc homogĂšne le BrĂ©sil est le grenier du monde, la Russie est tributaire de ses matiĂšres premiĂšres gaz, pĂ©trole en premier lieu, la Chine a nouĂ© son destin au dynamisme Ă©conomique de ses partenaires commerciaux et est considĂ©rĂ©e comme lâatelier du monde, lâInde est le prestataire de services du monde et est davantage tournĂ©e vers la demande intĂ©rieure. Le degrĂ© de dĂ©veloppement des relations Ă©conomiques entre les quatre pays varie, mais une chose est certaine le commerce bilatĂ©ral est en pleine croissance du moins jusquâĂ la crise Ă©conomique, mais aucune donnĂ©e ne peut actuellement attester dâun Ă©ventuel renversement de tendance. Les diffĂ©rences se manifestent Ă©galement dans leur prĂ©sence dans les grandes institutions internationales. Seule la Russie a le droit de siĂ©ger au G8, mais tous participent au G20 qui a connu une impulsion nouvelle avec les sommets de Washington 15 novembre, de Londres 2 avril et de Pittsburgh 24â25 septembre qui rassemblent les vingt plus grandes puissances Ă©conomiques mondiales afin de rĂ©former lâarchitecture financiĂšre mondiale. Des tensions Ă©maillent Ă©galement les relations entre les quatre grands Russie et Chine sont en concurrence pour sâimposer comme partenaire privilĂ©giĂ© des Occidentaux bien que les deux pays mĂšnent la fronde contre lâhĂ©gĂ©monie du dollar comme monnaie de rĂ©serve, Inde et Chine nâont toujours pas rĂ©solu certains diffĂ©rends dans la fixation de leurs frontiĂšres. A contrario, Inde et BrĂ©sil ont Ă©tĂ© historiquement les leaders du mouvement des non-alignĂ©s. MalgrĂ© toutes ces diffĂ©rences, les BRIC ont tenu leur premier sommet officiel au lendemain de lâOrganisation de coopĂ©ration de Shanghai. Le talon dâAchille de lâInde pourrait devenir sa force lui permettant de prendre la tĂȘte de la bande si elle parvient Ă allier croissance dĂ©mographique et croissance Ă©conomique durable, alors le dynamisme de sa population sâavĂ©rera un atout imparable. Celle-ci sera synonyme dâune taille de marchĂ© croissante quâalimentera une forte demande intĂ©rieure et par consĂ©quent, cela attirera les investissements directs Ă©trangers et multipliera les joint-ventures souvent Ă lâorigine du transfert de technologies. Mais aussi, comme sa main-dâĆuvre sera moins vieille que celle des autres pays, sa jeune force de travail sera source de compĂ©titivitĂ©. Conclusions Peu avant le soixante-troisiĂšme anniversaire de lâInde en aoĂ»t 2009, Manmohan Singh sâest engagĂ© au nom de son gouvernement Ă mettre tout en Ćuvre pour retourner Ă un rythme de croissance de 9% par an. Maintenir ce taux contrebalancera les rapides Ă©volutions dĂ©mographiques, attĂ©nuera les tensions entre Ătats riches et pauvres, et permettra de mener une politique de redistribution efficace et de fournir un emploi aux dix millions de jeunes qui arrivent chaque annĂ©e sur le marchĂ© du travail. Mais, Singh devra Ă©galement sâattaquer Ă des problĂšmes plus fondamentaux. Selon le classement des pays effectuĂ©s par le World Economic Forum, lâInde qui se trouve Ă la quarante-neuviĂšme place sur cent trente-trois ne parvient pas Ă dĂ©coller tandis que la Chine est passĂ©e de la trente-quatriĂšme place il y a deux ans Ă la vingt-neuviĂšme place. Si les scores enregistrĂ©s en matiĂšre dâenvironnement entrepreneurial et de marchĂ©s financiers sont plutĂŽt honorables, ils rĂ©vĂšlent quelles ont Ă©tĂ© les prioritĂ©s des derniĂšres annĂ©es. Ă lâavenir, il faudra renforcer les infrastructures jugĂ©es dĂ©faillantes, lâadministration inefficace, lutter contre le flĂ©au de la corruption et prĂȘter lâattention quâils mĂ©ritent Ă la santĂ© et Ă lâenseignement fondamental pour lesquels lâInde se trouve en centiĂšme position. Si le gouvernement a pris des engagements allant dans la bonne direction, certaines intentions en apparence louables ne font que susciter un malaise. Le gouvernement veut Ă©radiquer les bidonvilles en cinq ans en concrĂ©tisant un plan de construction de soixante-deux millions de maisons. Bien. Mais, lâobjectif ultime est de revendre les terrains ainsi rĂ©cupĂ©rĂ©s au secteur privĂ© et les observateurs estiment que le plan quinquennal manquera sa cible [6]. Pour lutter contre la pauvretĂ©, lâInde devrait imiter la Chine qui a lâambition de complĂ©ter son plan de relance par un vaste projet de mise en place dâun systĂšme de protection sociale. Une vraie rĂ©volution. Les pouvoirs publics doivent aussi veiller Ă mettre de lâordre dans les secteurs dâactivitĂ© largement dĂ©sorganisĂ©s et oĂč la loi de la jungle fait figure de norme sociale. On ne peut sâempĂȘcher de conclure sans Ă©voquer un aspect particulier de lâInde sur la scĂšne internationale. La posture de lâInde dans les nĂ©gociations sur les accords environnementaux qui prendront le relais du protocole de Kyoto en dira Ă©galement long sur la volontĂ© du pays de prendre sa part de responsabilitĂ© dans la conduite du monde. Aujourdâhui, lâInde mĂšne la fronde contre lâintĂ©gration des pays du Sud dans lâaccord post-Kyoto car elle considĂšre que le respect dâobligations en matiĂšre dâĂ©missions de gaz Ă effet de serre entraverait son dĂ©veloppement. Certes, on ne peut leur reprocher de croĂźtre et dâĂ©lever leur niveau de vie, mais dâautre part, vu la taille du pays 18% de la population mondiale en 2050, fermer les yeux sur la question climatique mĂšnerait lâhumanitĂ© tout entiĂšre dans une impasse. Ce pays, qui a pourtant Ă©tĂ© tĂ©moin et victime de la catastrophe de Bophal il y a vingt-cinq ans, est, une fois nâest pas coutume, au sommet dâun classement international celui qui rĂ©pertorie les sites les plus dangereux car polluĂ©s huit villes indiennes se trouvent dans le top 25 ! Cela est rĂ©vĂ©lateur de lâimportant travail de conscientisation de masse » auquel les Indiens ne pourront se soustraire et les pays les plus riches et en premier lieu lâUnion europĂ©enne devront les y aider en leur proposant des alternatives attrayantes le principe de dĂ©veloppement durable associant croissance Ă©conomique, progrĂšs social et sauvegarde de lâenvironnement et en acceptant de leur transfĂ©rer des technologies qui les mettraient sur la voie de la transition vers une Ă©conomie faible en carbone, le dĂ©fi de la communautĂ© internationale pour ce XXIe siĂšcle.
Ilne vous reste plus que quelque heure pour candidater à la pré-sélection organisée par le département de la Somme. Le recrutement
L'intelligence collective c'est un peu comme le monstre du Lockness. On en parle beaucoup mais on en voit un exemple de Talent Collectif, concept tout aussi confidentiel mais admirable dans sa mise en week-end dernier se tenait Ă BĂ©ziers le salon MĂ©tamorphose, Ă©vĂšnement oĂč se cĂŽtoient les plus grands coiffeurs mondiaux. Chacun y va de sa dĂ©monstration et les Ă©gos se confrontent au moins autant que les et Nathalie LONGEVIAL, qui n'en sont pas Ă leur coup d'essai, imaginent, avec modestie mais dĂ©termination, porter leurs Ă©quipes sur le devant de la scĂšne. Mais que faire avec une ribambelle de gens ordinaires face Ă des individus de cette envergure ?Et c'est bien lĂ que l'on reprend espĂ©rance en l' associe un musicien de talent, CĂ©dric MouliĂ©, on rĂ©pĂšte pendant des heures, Ă des moments oĂč les gens ordinaires vaquent Ă leur vie ordinaire, on fĂ©dĂšre musicien, coiffeurs et coiffeuses, modĂšles et managers autour d'un projet dont l'envergure dĂ©passe nos petites personnes, et le miracle se show extraordinaire, libĂ©rĂ©, incomparable, oĂč l'individu s'efface devant le groupe, oĂč le talent devient ici que je reconnais les vrais managers, ceux qui ont la capacitĂ© de sublimer des individus dans une symbiose dont les capacitĂ©s dĂ©passent largement la somme des talents unitaires ; Ceux qui savent laisser au groupe la gloire qui rejaillit de leur d'en tirer la quintessence pour en extraire les huiles la grande histoire sur leur Luc BESSONNET
Lecancer de la prostate est le cancer le plus frĂ©quent chez les hommes et la troisiĂšme cause de dĂ©cĂšs reliĂ©s au cancer chez les hommes au Canada. Des progrĂšs remarquables ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en ce qui concerne le traitement du cancer de la prostate. Toutefois, lorsque le cancer ne rĂ©pond plus Ă lâhormonothĂ©rapie et que des mĂ©tastases se
Une fois nâest pas coutume, je ne vais pas vous parler de recrutement. Je vais mettre en avant ma casquette de psychologue pour vous parler dâun sujet qui me tient Ă coeur, et nous allons voir ensemble comment son application peut nous permettre de mieux comprendre le fonctionnement dâune Ă©quipe au sein dâune entreprise. En psychologie, la thĂ©orie de la Gestalt la forme » en Allemand dĂ©finit des lois qui dictent notre perception des choses. Notre monde est complexe, il est fouillis, brouillon, confus⊠et notre cerveau va automatiquement chercher Ă simplifier le monde qui lâentoure en structurant les informations que nos sens rĂ©coltent, et en les associant de sorte Ă ce quâils forment des gros ensembles plus faciles Ă apprĂ©hender. Vous me suivez ? Voici un exemple concret Que voyez-vous ? Un carrĂ© ? Le carrĂ© nâexiste pas. Sa perception est créée par votre cerveau, pour qui il est plus simple de voir un carrĂ© que dâenvisager 4 petits pacmans sĂ©parĂ©s. Ce nâest que parce que ces Ă©lĂ©ments sont parfaitement organisĂ©s et coordonnĂ©s entre eux quâil peut en ressortir quelquâun chose de plus grand. Vous en voulez encore ? Le cube nâexiste pas sans la coordination parfaite des Ă©lĂ©ments qui le composent. En disposant les Ă©lĂ©ments dâun groupe dans un pattern spĂ©cifique et prĂ©cis, vous pouvez faire apparaitre une forme qui transcende la somme des propriĂ©tĂ©s de ces Ă©lĂ©ments. Lâensemble est plus grand que la somme des parties. Ce qui rĂ©sulte de la coordination parfaite de ces Ă©lĂ©ments est perçu comme plus important que lâaddition de tous les Ă©lĂ©ments pris dans leur ensemble. Ce sont les interactions entre ces Ă©lĂ©ments qui ajoutent de la valeur Ă lâensemble Ă lâĂ©quipe ?. De la magie ? Non, de la psychologie ! La Gestalt dans lâentreprise OK, câest de la perception. Est-ce que cela est applicable Ă dâautres domaines, telle que lâorganisation dâune Ă©quipe ? Je le crois. Cela reste de lâordre de la mĂ©taphore plus que de la science, mais je pense que la Gestalt est un modĂšle qui peut ĂȘtre appliquĂ© Ă une Ă©quipe pour favoriser son bon fonctionnement. Vous pouvez avoir dâexcellents collaborateurs dans votre Ă©quipe, tous au top de leurs rĂ©sultats individuellement. Vous pouvez mĂȘme les voir travailler en Ă©quipe de maniĂšre efficace, câest ce que recherchent toutes les entreprises. Vous pouvez avoir la meilleure Ă©quipe parce que vous avez plein de top performers dedans qui sâentendent bien et travaillent bien ensemble. Mais imaginez que vous arriviez Ă crĂ©er lâharmonie parfaite des compĂ©tences, de sorte que vous la somme des individualitĂ©s sâefface au profit dâun ensemble Ă la puissance de frappe exponentielle ? Reproduire la Gestalt dans une Ă©quipe, ce nâest pas chercher Ă rendre les personnes plus performantes au sein dâune Ă©quipe, câest chercher Ă calibrer leurs forces et leurs efforts pour rendre lâĂ©quipe meilleure dans sa globalitĂ©. Les lois de la Gestalt peuvent-elles sâappliquer Ă lâĂ©quipe ? Continuons lâanalogie en examinant les lois qui dĂ©finissent la thĂ©orie de la Gestalt. Imaginons dâun cĂŽtĂ© un nuage de points, de lâautre cĂŽtĂ© une Ă©quipe avec des collaborateurs. Chaque point reprĂ©sente un collaborateur. Maintenant, appliquons-leur les lois de la Gestalt 1. Loi de bonne forme un ensemble dâĂ©lĂ©ments informes, tel que des groupes de points alĂ©atoires, tend Ă ĂȘtre dâabord perçu comme une forme. Câest ce qui arrive avec les constellations lorsque vous regardez les Ă©toiles dans le ciel. La Grande Casserole Ourse Cela veut dire que vous avez dĂ©jĂ une Ă©quipe composĂ©e dâindividualitĂ©s Deal with it. A vous de lui donner la forme qui vous parait la plus efficace. 2. Loi de continuitĂ© des Ă©lĂ©ments rapprochĂ©s tendent Ă reprĂ©senter des formes. 3. Loi de proximitĂ© des Ă©lĂ©ments proches sont considĂ©rĂ©s comme faisant partie dâune mĂȘme forme. Plus proches sont vos collaborateurs, meilleure est la chance dâobtenir une bonne organisation de travail entre eux. La proximitĂ© nâest pas forcĂ©ment liĂ©e Ă la situation gĂ©ographique encore que, cela dĂ©pend des organisations mais surtout aux modes de communication qui les rĂ©unissent. 4. Loi de similaritĂ© des Ă©lĂ©ments similaires formeront plus facilement un ensemble. Dans une Ă©quipe oĂč lâon cherche a capitaliser sur les talents et individualitĂ©s de chacun, cela signifie quâil faut sâassurer de lâexistence dâun socle de travail commun pour lâensemble des membres de lâĂ©quipe. Mettez un marketeux et un commercial ensemble, si vous voulez que la magie opĂšre il faut quâils travaillent sur des sujets communs, et pas seulement chacun sur sa partie dâun mĂȘme sujet. 5. Loi de destin commun des Ă©lĂ©ments en mouvement ayant la mĂȘme trajectoire sont perçues comme appartenant au mĂȘme ensemble. Tous les membres de lâĂ©quipe doivent avancer ensemble dans la mĂȘme direction. Si vous souhaitez vous orienter dans une nouvelle direction, il faut que toute lâĂ©quipe suive pour ne pas rompre lâeffet Gestalt ». 6. Loi de clĂŽture on va spontanĂ©ment combler les vides entre diffĂ©rentes parties dâun ensemble. Si votre ensemble est cohĂ©rent et bien orientĂ©, votre Ă©quipe arrivera Ă combler les trous dans la raquette et Ă faire le lien entre leurs compĂ©tences respectives. Un gimmick ou une vraie thĂ©orie ? Si la Gestalt tente avant tout de dĂ©finir notre perception, elle ne me sert ici que dâun support pour vous donner une vision dâun management ou chaque personne de lâĂ©quipe doit faire partie dâun tout, et cet Ă©quilibre semble bien plus dur Ă atteindre quâon ne le pense. Le vrai problĂšme, câest justement la perception que lâon peut avoir dâune Ă©quipe croire quâelle fonctionnera parce quâelle est remplie dâindividus talentueux ne suffira pas. Il faut que chacun trouve sa place par rapport aux autres, et ce travail peut prendre Ă©normĂ©ment de temps avant de trouver la combinaison parfaite, celle qui fera que la performance de chaque membre de lâĂ©quipe sâeffacera devant la sur-performance du groupe dont il fait partie. Et du coup, pour revenir au sujet du recrutement parce quâil y a de grandes chances que ce soit la raison de votre prĂ©sence sur ce site !, quâest-ce qui vous paraitrait le plus important dans le cadre dâun nouveau recrutement ? Les compĂ©tences recherchĂ©es chez un collaborateur ou bien les caractĂ©ristiques qui lui permettront de contribuer au bon alignement de lâĂ©quipe » ? Fondateur et Dirigeant de WorkMeTender PassionnĂ© de recrutement, cela fait 12 ans que jâaide les entreprises Ă recruter les meilleurs talents, en proposant des solutions simples et innovantes. A travers WorkMeTender, je propose mes services pour accompagner DRH, Responsables Recrutement, Recruteurs et Responsables Marque Employeurs dans lâatteinte de leurs objectifs. Jâenseigne Ă©galement le recrutement et la Marque Employeur au CELSA.
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